Qu'est-ce que la poésie ? En tout cas, si elle suit un itinéraire fléché, nous manquons cruellement de signes de piste. Avec ce nouveau recueil, Daniel Ancelet persiste et signe, dans le sillage de ses maîtres, car pour lui, un beau poème ne peut que respecter leur règle de trois :
-Il est agréable à l'oeil qui le regarde,
-Il est harmonieux à l'oreille qui l'écoute,
-Il est savoureux à la langue qui le prononce.
Tout l'inspire : un coup de tête, un ruban bleu, un escargot, un pingouin, une boîte à silence, une vis savante, un poème au tiroir, une poétesse libérée, un prosateur malgré lui, une balançoire ou une fontaine. Il ne craint pas non plus de composer le requiem d'un porte-avion, de célébrer le chien de Valéry, le jardin de Marie, le baiser au tableau ou le bonheur des larmes. Il privilégie le quatrain, forme légère mais difficile, et s'il se met dans la peau d'un myriapode, c'est pour avouer :
Amis, l'affaire est délicate,
J'ai besoin d'un avis sensé,
Pour savoir sur quel pied danser
Lorsque je joue au mille-pattes. Mais aujourd'hui comme hier, sa devise n'a pas changé, et demeure :
Depuis l'enfance,
J'écris pour cette vérité :
Le seul remède à la souffrance,
C'est la beauté. Cette gravité n'exclut nullement la légèreté, comme en témoigne par exemple cette strophe cueillie au hasard :
-Entre un amant et un mari,
Quelle est la différence,
Madame, en votre âme et conscience :
-C'est le jour et la nuit ! Mais pour qui, pourquoi écrit-il ? Laissons- lui donc le dernier mot :
C'est pour mieux partager
Cette musique tendre
Qu'on ne peut pas entendre
Sans se mettre à pleurer.