"Cet ouvrage", écrit Benoist-Méchin, "est né d'une succession de rencontres : avec des hommes et des villes, avec des temples et des paysages, avec des idées et des dieux." Car pour le voyageur, pour celui qui n'a d'autre patrie que la route le long de laquelle il avance, les rencontres sont l'aliment essentiel, elles répondent au désir qui l'a fait se mettre en chemin.
Alors, du tombeau de Mustapha Kémal aux ruines de l'antique Palmyre, du souvenir des terribles Janissaires à celui d'Antiochus, roi de Commagène, ou à celui du glorieux Tamerlan, de l'Arabie "carrefour des siècles" au golfe Persique, devenu hélas la "Côte des convoitises", le lecteur voit se dessiner un merveilleux itinéraire, à demi rêvé, à demi réel, riche d'évocations, d'anecdotes, de tableaux impressionnants. On ne sait ce qui paraît le plus admirable, chez l'auteur d'Un printemps arabe - dont ce livre constitue en quelque sorte le complément -, de la prodigieuse culture historique, de la connaissance des problèmes les plus actuels et les plus brûlants, en Asie Mineure comme au Proche-Orient, ou de la beauté d'une langue qu'on ne peut s'empêcher de comparer à celle d'un autre voyageur "romantique" : Chateaubriand.
Si, pour Benoist-Méchin, "l'Histoire n'est qu'une suite de destins rompus", il sait mieux que tout autre redonner un éclat, une valeur humaine et une continuité à ces grandes figures antiques, médiévales ou modernes, dont il a retrouvé la trace, écouté le souffle, dans la solennité des pierres ou le silence des sables.