Commission Sauvé a accouché d’une souris
5/5 https://www.riposte-catholique.fr/
.----. Même Le Canard enchaîné reconnaît, dans son édition à paraître demain, que le rapport de la Commission Sauvé a accouché d’une souris, alors que des mesures choc avaient été annoncées. Voici l’extrait d’un article publié dans cette publication qui tient lieu de Journal officiel de la République:
Croix de bois, croix de fer, l’Eglise ne roupille plus devant les cas de pédophilie. La preuve : en mars 2021, elle a annoncé la création d’un Tribunal pénal canonique national qui dépote. De messes basses en conciliabules avec le Vatican, sa mise en place vient d’être reportée pour la troisième fois, à Pâques ou à la Trinité (…) Ça commence bien, pour un machin censé dépoussiérer – et accélérer – des procès canoniques qui ressemblent aujourd’hui à une vaste blague (la justice des hommes, elle, peut condamner les curés à de la taule, mais pas les défroquer). Il y a un an, la commission Sauvé, qui avait révélé l’ampleur délirante des violences sexuelles dans l’Eglise, avait pourtant recommandé de mettre en place cette instance « sans délai ». Même rythme ébouriffant pour l’indemnisation des victimes : plus de 1 500 d’entre elles ont saisi l’une des deux commissions mises en place par les mitrés dans la foulée du rapport Sauvé. Mais, fin septembre, seules 23 indemnisations avaient été versées, pour des sommes allant de 8 000 à 60 000 euros. Grand seigneur.
Pas différent de ce que Paix Liturgique écrivait il y a quelques jours et de ce que Riposte catholique reprenait.
[ Signé : Jean-Marie Vaas le 18 octobre 2022 ]
P.S. : Riposte catholique est un portail catholique de réinformation qui produit quotidiennement un contenu original et cherche à (ré)informer ses lecteurs et les invite à (ré)agir.
Excellent
5/5 Ivan
Une excellente clarification qui a le mérite de remettre les pendules à l'heure.
Les “abus” du rapport Sauvé.
5/5 https://www.lesalonbeige.fr/
.----. Le père Michel Viot et Yohan Picquart viennent de publier un livre, Le rapport Sauvé : une manipulation ?, préfacé par Paul Deheuvels. Dans Valeurs Actuelles, ils présentent leurs recherches :
[…] Nous sommes le 12 avril 2019, il s’agit chronologiquement de la première audition en audience plénière qui a été publiée, l’acte premier du travail de la Ciase. Les enquêteurs sont donc, en théorie, à ce moment, libres de tout préjugé, vierges de toute idéologie. Cependant, nous allons découvrir que les préjugés les plus naïfs sont déjà là, les questions ne sont pas posées de manière neutre, une hostilité sourde se fait déjà entendre et les germes des préconisations finales sont, dès le premier jour, dans l’esprit de l’équipe. Relisons un certain nombre d’interventions de membres de la Ciase.
Question 8 : La place faite aux femmes dans l’Église n’est-elle pas contraire à l’égalité en dignité de tous les êtres humains, telle qu’elle est proclamée par l’article 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme ?
Question 9 : Le fonctionnement hiérarchique, purement masculin et parfaitement pyramidal de l’Église catholique n’induit-il pas une culture du secret et ne favorise-t-il pas une grande solitude qui peut être facteur de troubles et d’actes délictueux jusqu’à la pédophilie ?
Question 11 : Quels remèdes entrevoyez-vous pour éviter que ces abus ne se reproduisent ? En termes d’exercice de l’autorité, de gouvernance de l’Église, de sélection et de formation des prêtres et religieux, de statut des clercs ?
Philippe Portier, historien et sociologue, premier vice-président de l’École pratique des hautes études :
« Cette obsession de la pureté remonte à l’avant-XIXe siècle, à la sacralisation de la pureté du prêtre. »
Christine Lazerges, professeur émérite de l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, ancienne présidente de la Commission nationale consultative des droits de l’homme :
« Si le problème tient au piédestal sur lequel on place le prêtre, on le résoudrait en grande partie en ordonnant des femmes. »
Anne Devreese, ancienne directrice générale de l’École nationale de protection judiciaire de la jeunesse :
« Vous avez insisté sur le registre lexical utilisé, renvoyant à la famille, avec les termes de père, de frère et sœur. Cela évoque l’inceste. J’ai été frappée d’entendre, dans le reportage d’Arte sur les religieuses abusées, exactement les mêmes phrases que ce que l’on entend lorsqu’il est question d’inceste, un sujet que je connais bien. »
Antoine Garapon, magistrat, ancien secrétaire général de l’Institut des hautes études sur la justice :
« Vous avez passé quatre années au Vatican. Le contraste est saisissant entre la lutte farouche menée contre le mariage homosexuel et la situation de crise actuelle liée aux scandales de pédophilie, le cas du cardinal Barbarin étant d’ailleurs emblématique de ces deux aspects. Quel est votre sentiment à ce sujet ? Dans le livre de Frédéric Martel, l’Église est constantinienne : elle fait passer au premier plan la lutte politique, contre le communisme avec Jean Paul II, quitte à soutenir l’insoutenable avec Alfonso López Trujillo par exemple ; la lutte contre le mariage gay est aussi politique. L’objectif politique prime la morale. Est-ce la même chose aujourd’hui selon vous ? »
Christine Lazerges :
« Que pensez-vous du fait que les enfants de chœur soient toujours des garçons, habillés comme le prêtre ? Pourrait-on préconiser une mixité ? » Anne Devreese : « Je reviens sur le traitement différencié entre filles et garçons. N’y a-t-il pas un lien avec le sujet de la dévalorisation des filles et de leur sexualité, elles qui sont vues comme vicieuses, tentatrices ? N’y a-t-il pas dans l’Église non seulement une vision extrêmement dégradée de la sexualité, mais plus encore quand elle implique des femmes ? N’est-ce pas “moins grave” d’avoir des relations sexuelles avec un garçon ? »
Les auditions de victimes n’ont pas encore commencé, mais les bases des préconisations finales sont là, et les clichés qui animent les membres de la commission semblent empruntés à la pire littérature de gare. On est ici bien davantage dans un réquisitoire qui cherche des confirmations à ses postulats que dans une analyse posée et équilibrée sur un sujet. Ils auraient souhaité se caricaturer, ils n’auraient pas mieux fait. […]
Une autre “anecdote” est particulièrement marquante : la commission Sauvé a reçu les avocats de ceux qui ont attaqué le cardinal Barbarin en justice, et le rapport les cite. Mais l’avocat de Son Éminence n’a même pas été contacté et donc n’a pu faire valoir les jugements successifs de la cour d’appel et de la Cour de cassation en faveur du cardinal, qui a été totalement relaxé. Cela se passe de commentaires.
[ Signé : Michel Janva le 23 mai 2022 ]
P.S. : Salon Beige, qui êtes-vous ? - Nous sommes quelques laïcs catholiques, dans la tranche d’âges 30-50 ans. Ce qui nous unit, c’est notre Foi catholique et notre désir, au fil de l’actualité, de réfléchir à voix haute sur la façon de l’appliquer dans la société actuelle. Fidèles au Pape, au Magistère de l’Eglise, nous voulons travailler au Bien commun de la société en informant nos lecteurs sur l’actualité, vue au regard de la doctrine sociale de l’Eglise. Le directeur de la publication est Guillaume de Thieulloy. Adresse : Tour CIT, 3 rue de l’Arrivée, 75015 Paris.
Oser contester les conclusions ?
4/5 https://lanef.net/
.----. S’il faut reconnaître un premier mérite au livre de l’abbé Michel Viot et de Yohan Picquart, c’est celui du courage. Car il en faut, y compris et surtout dans l’Église de France, pour oser contester les conclusions du rapport de la CIASE, dont la publication en octobre 2021 a provoqué un véritable tsunami. Et il en faut encore plus pour donner à ce livre le titre provocateur : Le rapport Sauvé, une manipulation ? Mais c’est, bien entendu, dans son contenu que réside le principal mérite de l’ouvrage : sans minorer la gravité des abus sexuels, en particulier ceux commis « par une personne tenue d’incarner une autorité humaine, morale et spirituelle », et approuvant sans réserve le principe d’une enquête sur ces abus, les auteurs, en six chapitres documentés et sans langue de bois, lancent une critique générale contre le rapport : « Méthodologie douteuse, habile usage de l’outil médiatique, chiffres fantaisistes, arrière-fonds idéologiques très orientés, grands flottements théologiques et juridiques, anachronismes notoires, mise au pilori des voix qui émettaient des réserves sur son contenu : la commission fut, de fait, indépendante, elle ne fut certainement pas neutre. »
Ainsi, par exemple, s’agissant du caractère militant de cette commission, les auteurs rappellent plusieurs éléments troublants, tel le fait que l’enquête de l’Inserm a été coordonnée par Nathalie Bajos, sociologue dont l’orientation idéologique féministe ne l’inclinait pas à faire preuve d’une impartialité, même minimale, envers l’Église. Pour ce qui est de la « question théologique », la démonstration est presque superflue tant le rapport de la CIASE s’est voulu comme une entreprise de « désacralisation » du prêtre et de « méfiance systémique » à l’égard de ce dernier. Quant au « flottement juridique », les auteurs relèvent avec justesse ce chantage détestable de la CIASE sur l’Église : ou bien cette dernière accepte d’indemniser les victimes en dehors même des règles de droit relatives à la preuve des infractions, ou bien le pouvoir civil la contraindra de le faire.
Osons toutefois une nuance et un regret. La nuance : si les auteurs critiquent vigoureusement la méthodologie utilisée par la CIASE pour parvenir à l’évaluation, qu’ils jugent « fantaisiste », du nombre des victimes mineures de clercs et religieux depuis 1950 (216 000), la réponse précise et argumentée de la commission aux objections formulées à cet égard par l’Académie catholique en novembre 2021 ne permet plus de contester a priori toute plausibilité à cette estimation, même s’il est exclu de parler de certitude en la matière.
Le regret : les auteurs n’ont pas cru bon approfondir la spécificité des abus sexuels dans l’Église, en l’occurrence la proportion considérable de victimes de sexe masculin par rapport à l’ensemble des victimes (80 %, contre 20 % dans le reste de la société). Or, cette spécificité dont l’origine est sans doute à rechercher dans la surreprésentation dans le clergé de cette catégorie hautement dangereuse que sont les pédocriminels attirés par les mineurs de sexe masculin, paraît confirmer ce que beaucoup pressentent confusément, à savoir que l’ampleur des abus sexuels a sans doute une cause moins théologique ou institutionnelle qu’individuelle.
Reste à l’Église la tâche de traiter sérieusement ce problème.
[ Signé : Jean Bernard - septembre 2022 de La Nef ]
PS : Qu'est-ce que La Nef ? :
La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.
Idéologiquement orienté !
4/5 https://www.riposte-catholique.fr/
.----. De la CIASE et de son rapport qui assène des évidences (les 300 000 victimes), on a entendu certaines critiques, comme celle de l’Académie catholique de France. Le rapport Sauvé n’est donc pas intouchable. C’est justement cette interrogation critique qu’un ouvrage, qui sera publié aux éditions Via Romana au début du mois de mai prochain, remet sur le tapis. En effet, trois témoins réfléchissent à la méthodologie et aux conclusions de ce rapport que certains considèrent comme historique, mais qui est animé par certains présupposés. Doit-on passer ses défauts sous silence ? Trois témoins s’interrogent donc.
Le Père Michel Viot est connu des lecteurs de Riposte catholique en raison de son parcours. Il n’est pas dupe du réquisitoire à charge contre la théologie la plus fondamentale. Yohan Picquart, écrivain et professeur de lettres, est l’auteur de nombreux ouvrages religieux et d’entretiens avec certaines personnalités, comme le Père Henri Madelin ou le cardinal Albert Vanhoye. Enfin, le préfacier, Paul Deheuvels, est membre de l’Institut (Académie des sciences) et auteur de nombreuses publications.
Outre la méthodologie retenue, il y a des arrières-fonds idéologiques particulièrement orientés. Comme cette attaque contre le sacerdoce, qui n’est en rien la mise en cause du cléricalisme, mais une pique contre le sacrement de l’ordre et la théologie sacramentelle. Car si la commission fut peut-être indépendante, mais elle n’a nullement été neutre et certainement pas étrangère à des lieux communs partagés par une théologie douteuse qui ne rêve que de “régler ses comptes” avec le sacerdoce. Derrière le masque de l’expertise, une véritable idéologie du soupçon où l’Église ne sort donc pas indemne.
Extrait:
Alors la Commission a beau écrire p. 319 « qu’elle n’entend nullement remettre en cause les fondements du sacrement de l’Ordre, ni la doctrine de l’Eucharistie… », elle prépare sa remise en cause, par des prises de position hors de sa compétence, comme de donner raison à une récente tribune du Père Laurent Stalla-Bourdillon qui donne la préférence à la formule « in personna Christi capitis » pour caractériser le ministère du prêtre, par rapport aux deux autres, et qui sait, à leur détriment (je n’ai pas lu le texte de toute la tribune), « alter Christus », et « ipse Christus ». On peut en tenir au moins deux ensemble, car je ne vois pas d’où il sort « ipse Christus » appliqué au prêtre, expression que je me garderais d’employer. Que certains prêtres se soient servis de l’autorité que confèrent de tels termes est abominable. Mais ce n’est pas là une raison pour en supprimer un, « alter Christus », parce qu’on estime qu’il est le plus dangereux. De plus, un tel principe étant acquis, et au nom de l’égalité baptismale, on finira par supprimer aussi celle qu’on veut garder en ce moment, par charité prévenante pour d’éventuelles futures victimes ! La doctrine catholique du ministère s’écroulera avec des conséquences qu’il n’est pas difficile d’imaginer.
Il y a bien d’autres attaques, même si elles ne sont pas forcément mentionnées dans cet ouvrage (comme la mise en cause par le rapport Sauvé du discours catholique sur la sexualité). Mais les objections qu’il soulève peuvent aider le catholique à s’interroger sur des arguments “massues”. On notera que le Père Viot se garde de toute attaque ad hominem contre Jean-Marc Sauvé, mais qu’il n’en est pas moins lucide sur la véritable machine à charge mise en place par un juriste certes éminent, mais déterminé.
S’il n’est pas question de nier la souffrance des victimes, les scandaleux silences qui ont couvert les abus sexuels, il fallait aussi remettre les pendules à l’heure. Surtout au moment où à Rome, on est réellement dubitatif sur le travail idéologiquement orienté de cette commission.
[ Signé : Jean-Marie Vaas le 1 mai 2022 ]
P.S. : Riposte catholique est un portail catholique de réinformation qui produit quotidiennement un contenu original et cherche à (ré)informer ses lecteurs et les invite à (ré)agir.
Un article de Golias ? ? ?
3/5 Frédéric Gain.
.----. Il peut paraître étonnant de trouver dans ces colonnes la recension d’un ouvrage publié aux éditions Via Romana, et dont la première promotion a été faite par le magazine Valeurs actuelles (20 mai 2022), mais l’esprit critique mérite toujours d’être salué, d’où qu’il vienne. Il s’agit d’un livre d’entretiens entre le Père Michel Viot, ancien évêque luthérien de Paris, ex franc-maçon, aujourd’hui prêtre catholique, et Yohan Picquart, écrivain catholique.
On y trouve une critique de la méthodologie de l’enquête menée par la CIASE (qui a abouti au chiffre de 330 000 victimes de pédo-criminalité dans l’Eglise catholique, dont 216 000 par des religieux), mais aussi une critique des présupposés idéologiques des membres de la commission et de leur ecclésiologie (conception de l’Eglise et notamment du prêtre) qui s’oppose, selon les auteurs, à celle de Vatican II. L’ouvrage entreprend de montrer qu’« il n’y a rien de systémique ou d’institutionnel à condamner, mais des personnes, gravement pécheresses pour les auteurs de crimes ou de délits, ou incapables de gouverner pour ceux qui n’ont rien vu, ou rien fait de sérieux pour mettre fin définitivement à de tels abus. » (p. 28) La thèse d’une responsabilité institutionnelle de l’Eglise catholique et de son caractère criminogène en matière sexuelle se trouverait donc invalidée.
Curieusement, le chapitre sur la « méthodologie douteuse » ne fait que 17 pages sur 156, et intervient après celui sur « les arrière-fonds idéologiques (très orientés) » de la commission. Michel Viot commence par souligner que la CIASE, certes indépendante de l’Eglise de France, n’est pas pour autant neutre, car beaucoup de ses membres partagent selon lui une idéologie « anticatholique ». Jean-Marc Sauvé, dans son discours de 2013 à la Grande Loge de France, ne défendait-il pas un modèle de laïcité excluant l’Eglise de l’espace public ? Les quelques catholiques auditionnés par la CIASE appartiendraient pour la plupart à un même courant idéologique, celui du « concile médiatique » : des « extrémistes de gauche » qui, se réclamant au départ du concile Vatican II, se déclarent hostiles à l’institution depuis que Jean-Paul II « a sonné le glas de leurs espérances », qu’il s’agisse de Christian Terras ou, dans un registre « de plus en plus agaçant », de Christine Pedotti. La figure de Nathalie Bajos, poumon de l’enquête de l’Inserm, est présentée comme particulièrement problématique, par son hostilité au patriarcat et ses invectives au pape sur la question de l’IVG. Le juge pour enfants Jean-Pierre Rosenczveig, lui qui n’est pas catholique, est en revanche salué pour sa compétence et son indépendance d’esprit.
L’auteur relève le caractère biaisé de certaines questions posées en audition, du type : « Le fonctionnement hiérarchique, purement masculin et parfaitement pyramidal de l’Eglise catholique, n’induit-il pas une culture du secret et ne favorise-t-il pas une grande solitude qui peut être facteur de troubles et d’actes délictueux jusqu’à la pédophilie ? » (p. 56) Comme exemple de question biaisée, on ne fait pas mieux ! L’Eglise aurait donc déboursé 3 millions d’euros pour être jetée en pâture à ses détracteurs.
Pour en venir au chapitre sur la méthodologie douteuse, les arguments sont les suivants : l’institut de sondages mandaté par Mme Bajos a eu recours à la méthode des panels, utilisés pour les sondages à la consommation, mais critiquables quant à la réalité de leur représentativité, surtout sur des sujets complexes. Seuls 11% des panélistes ont répondu, les réponses étant anonymes et basées sur le volontariat. Sur les 2438 sondés déclarant avoir été abusés, 118 ont déclaré l’avoir été par un membre du clergé catholique. Curieusement, sur ces 118 personnes, 23 n’ont pas précisé leur âge au moment du premier abus, alors que les personnes abusées dans un autre cadre le faisaient toutes. De plus, 25 seulement (soit 21%) ont porté plainte : l’auteur relève que si on appliquait la même extrapolation que celle qui aboutit au chiffre de 216 000 victimes de religieux entre 1950 et 2020, les archives judicaires auraient dû enregistrer 45 360 plaintes et aboutir à 12 519 condamnations, alors qu’il n’existe en réalité que 413 dossiers de plainte, soit moins de 1% de l’estimation. En d’autres termes, le travail des statisticiens semble ignorer l’exigence de soumettre ses conclusions au test de l’expérience pour déterminer si les hypothèses de travail sont valables. En outre, la périodisation des abus, avec des césures opérées fin 1970 et fin 1990, ne permet pas selon l’auteur d’appréhender l’après-concile ni le changement d’attitude de l’Eglise de France sur la pédo-criminalité au début des années 2000. Les chapitres consacrés à l’ecclésiologie et à la théologie du rapport Sauvé soulignent à la fois les conséquences désastreuses de la diffusion médiatique du rapport (sur le moral des prêtres et séminaristes, sur les activités encadrées par des religieux) et l’inculture exégétique, théologique et historique manifestée par les recommandations qui y figurent : saint Paul est systématiquement ignoré (« manie caractéristique de tous les contestataires de l’Institution ecclésiastique », p. 133) ; on propose d’inscrire la pédo-criminalité au chapitre du Ve commandement (ce qui revient à dire aux victimes qu’elles sont mortes), et surtout, les paragraphes 2353, 2356, 2389 du Catéchisme de l’Eglise catholique traitant de la corruption sur mineurs sont totalement passés sous silence. Le dernier chapitre s’oppose à l’idée d’une commission d’indemnisation des victimes en invoquant la loi de séparation de 1905 (les crimes commis par des religieux sont juridiquement des crimes comme les autres), et en assimilant les réparations à une forme de subornation de témoins, qui de toute façon n’empêcherait pas une condamnation des individus par les tribunaux de l’Etat en cas de plainte.
On peut saluer la qualité de la rédaction de ce livre, alors même qu’il s’agit d’entretiens ; saluer aussi sa saine résistance à l’emballement médiatique qui, largement préparé, a suivi la diffusion du rapport Sauvé. Au passage, remercions Michel Viot de son hommage : « Il vaut mieux (…) acheter Golias que la Croix ! Sa lecture aura toujours une utilité. » (p. 50) Cependant, la partie consacrée à la méthodologie est un peu courte : loin de prouver positivement que les chiffres de l’enquête doivent être revus à la baisse, et de réfuter la thèse d’un caractère systémique des abus sexuels dans l’Eglise catholique, elle montre simplement que la CIASE doit revoir sa copie, selon d’autres méthodes et avec des membres aux idéologies plus diversifiées. En outre, il est regrettable que les auteurs s’autorisent des remarques sur le profil psychologique supposé des membres de la CIASE, à commencer par Jean-Marc Sauvé, décrit comme « quelqu’un de tourmenté, mal dans sa peau », d’après le témoignage anonyme d’un homme politique (p. 37). L’argumentation avait-elle besoin de cela ?
Enfin, tout en dénonçant l’orientation idéologique des membres de la CIASE, cet ouvrage n’est pas lui-même exempt de présupposés, notamment celui selon lequel « les clichés véhiculés [par le rapport Sauvé] (sacralisation du prêtre, fixation sur les questions sexuelles, absences de femmes, de laïcs…) s’adressent à une Eglise qui n’existe plus depuis longtemps. » (p. 27). Or s’il est bien évident que l’Eglise catholique a changé depuis le XIXe siècle, il n’est pas certain que les recommandations du rapport Sauvé, hérétiques ou non, soient sans objet parce qu’elles s’adresseraient à une Eglise qui n’existe plus. Les catholiques de gauche, que cet ouvrage prend à l’envi pour cible, savent bien que, même si le discours a changé depuis Vatican II, c’est toujours la même obéissance passive qui est exigée des fidèles – que ce soit par le clergé ou par des laïcs mandatés –, que les femmes se voient privées de toute fonction spirituelle dans les assemblées, et que, comme l’affirme Michel Viot lui-même, l’Eglise ne peut « que s’opposer à la philosophie des Lumières, essentiellement antichrétienne » (p. 139). En tout cas, le mérite de cet ouvrage est de nous inciter à réfléchir. Peut-on de bonne foi s’appuyer sur le rapport Sauvé, et plus généralement sur l’existence d’abus sexuels dans l’Eglise catholique, pour vouloir quitter l’Eglise romaine ou, si l’on y reste sans se taire, vouloir la refonder ou « la reconstruire » (titre d’un dossier du journal la Croix en 2019) ? Peut-on le faire sur la foi de ce qui s’apparente à un sondage ? Non. Si nous le faisons, ce doit être pour des raisons plus profondes, qui tiennent à notre rapport au Christ.
[ Signé : Frédéric Gain dans " Golias, l'empêcheur de croire en rond " le 16 juin 2022 ]
Des critiques s'imposent !
3/5 https://michelviot.wordpress.com/
.----. Je crois utile, pour bien faire comprendre mon état d’esprit, de commencer par vous dire ce que j’ai ressenti dans mon cœur en apprenant les conclusions du rapport Sauvé. J’ai voulu d’ailleurs l’exprimer dès le premier vidéo blog qui a suivi, début novembre 2021, en lui donnant pour titre « Comme Marie à la Salette, l’Eglise pleure aujourd’hui ». L’image qui l’illustrait était celle d’un simple crucifix, avec un Christ aux bras étroits, évoquant cette parole de Jésus « beaucoup d’appelés, et peu d’élus », qui ne signifie pas une condamnation de masse, mais indique la nécessité de faire des efforts, sous la grâce, pour entrer dans le royaume des cieux, comme cela est aussi suggéré par l’image de la porte étroite. Il y avait aussi, comme musique, un psaume tiré du psautier huguenot de ma jeunesse, le 80, dans la numérotation protestante, évoquant la vigne du Seigneur ravagée : « D’où vient sa clôture brisée ? Aux passants elle est exposée. Les sangliers, sortant des bois, partout ravagent à la fois. Les hommes et les animaux ont dévoré tous ces rameaux. » Ce qui constitue bien la preuve que ma première pensée fut pour les victimes.
C’est la douleur de l’enfance trahie qui, en premier lieu et de plein fouet, touchait mon cœur et me renvoyait à ma jeunesse, à mes premières années de pasteur stagiaire dès 1966, mes premières célébrations dans l’église. Depuis deux ans, j’étais père d’un enfant, dans des circonstances difficiles, parce que non marié, mais très soucieux de l’éducation des jeunes et bien évidemment de celui dont j’étais responsable. Je regardais les atteintes faites aux petits, au sein des églises, car toutes n’étaient pas dissimulées à l’époque, comme des blessures impardonnables à la dignité humaine, en même temps qu’un sacrilège envers le Christ dont l’Eglise est le corps. Et comme un protestant qui veut intensément prier se réfugie toujours dans les psaumes, j’avais recours comme aujourd’hui à ce psaume 80. Les abuseurs étaient les sangliers du psaume, et ce genre d’animaux étaient pour moi des gibiers de chasse. Ils le sont toujours.
Ma réaction fut donc et demeure celle de père selon la chair et selon l’esprit ! Abuser d’un enfant est indigne de l’état pastoral. Dans les années 1966, jusqu’en 1980, en gros, cela n’entraînait que des déplacements de paroisses, ce qui me laissait dubitatif.
À partir de 1974, les circonstances ont voulu que je me préoccupe de questions politiques, à titre de conseils, gracieusement et officieusement, avec l’accord de mes supérieurs, et ce jusqu’en 2000. Dans le même temps, je devins président du Consistoire luthérien de Paris et, de ce fait, en charge de la commission examinant les dossiers de divorcés-remariés qui demandaient à l’Eglise une bénédiction de leur mariage. J’ai retrouvé dans certaines de ces affaires le problème de la pédophilie, tout comme en politique d’ailleurs. Et c’est là que j’ai bien compris qu’il s’agissait d’un problème de société. J’en avais d’ailleurs bien conscience depuis mai 1968, qui ne marquait pas le début de ce genre d’affaires, lesquelles augmentèrent en fait autour des années 1960. Mai 1968 vit simplement la justification publique des actes pédophiles au nom d’une certaine conception de la liberté… Ceux qui ont vécu cette époque ont encore en mémoire certaines déclarations télévisées, et des articles de journaux, sans qu’il soit nécessaire que j’en dise plus !
Car, d’une part, cela ne me paraît pas indispensable pour mon propos de ce soir, et surtout, par l’éducation reçue, tant de mes parents que de mes pasteurs, je suis très attaché à la parole donnée et à la confiance que l’on m’a faite à cause de mon état religieux. Un de mes sept vœux d’ordination à ce que les luthériens appelaient le Saint Ministère (pour moi le 5 mai 1968) était de garder le secret absolu sur tout ce que l’on avait entendu dans le cadre de son exercice, les confessions tout particulièrement. Et j’ai renouvelé ce vœu bien évidemment lors de mon ordination presbytérale catholique en la cathédrale de Blois, le 29 juin 2003. C’est la raison pour laquelle je ne publierai jamais de mémoires, ayant tout de même laissé en lieux sûrs, et par écrit, ce qui ne relevait pas du secret de la confession et qui serait de nature à expliquer ma disparition brutale, si celle-ci présentait un caractère étrange…
Je veux donc simplement formuler quelques constats, faits au cours de ces années où j’ai été très actif, dans la vie ecclésiastique et politique. En tout premier lieu, celui de l’existence de la pédophilie, bien au-delà des frontières de l’Eglise et dans toutes les classes sociales. Elle relève de la perversité humaine, elle est partagée à part égale par le riche et le pauvre ; cela va de nos fringantes vedettes du show-business ou de la politique, ce qui se ressemble souvent, aux plus pauvres de nos paysans, sans oublier les ouvriers de l’industrie et de la religion, quelle qu’elle soit ! Cette pratique n’a pas réussi, fort heureusement, sa normalisation en mai 1968, et a finalement suscité une posture de rejet et de dégoût dès l’année suivante, un peu comme si la bien-pensance dévoyée de mai 1968 voulait se refaire rapidement et superficiellement une vertu ! Elle illustrait ces célèbres vers de Molière qui gardent aujourd’hui encore leur actualité dans certains milieux, catholiques compris :
« Elle fait des tableaux couvrir les nudités,
Mais elle a de l’amour pour les réalités. »
(Le Misanthrope, acte III, scène 3).
En 1969, suite à une procédure contre une femme professeur de lettre (31 ans), qui entretenait une liaison véritablement amoureuse avec l’un de ses élèves de 16 ans, le parquet d’Aix-en-Provence faisait appel d’une condamnation pénale , sur pression de l’Education Nationale, pour en obtenir une plus lourde, permettant la révocation du professeur. C’est l’affaire Gabrielle Russier. Ne pouvant supporter cette idée, Gabrielle se donna la mort le 1er septembre 1969, et je célébrai son service funèbre. Le jeune homme, menacé d’un nouvel internement psychiatrique par ses parents, vint se réfugier chez moi, sachant que, dans mon homélie, j’avais pris la défense de Gabrielle, mais j’ai dû demander très vite à un confrère de lui accorder asile, car on s’apprêtait à retourner contre moi l’affaire de mœurs, me mettant donc en cause, avec celui à qui j’avais donné asile. J’ai pu voir ainsi l’hypocrisie et la veulerie d’une certaine société, et comment ce genre d’affaires pouvait être instrumentalisé pour nuire à quelqu’un. Et comme je suis resté célibataire, j’ai eu droit, au cours de ma vie à des répliques de ces tremblements de terre qui font mal, essentiellement parce qu’ils vous déçoivent de personnes que vous croyiez amies !
J’en ai déduit que s’il fallait être vigilant, ne pas faire la sourde oreille aux rumeurs, même les plus infâmes, il fallait demeurer prudent et toujours se souvenir du principe de notre droit français : un accusé doit être présumé innocent jusqu’à ce que la justice ait démontré sa culpabilité. A titre d’exemple, ce fut longtemps un classique du genre « divorce pour faute grave » que l’accusation d’une femme contre son mari d’avoir abusé des enfants, ce qui lui faisait systématiquement obtenir leur garde avec une bonne pension. Mais les juges professionnels comprirent vite cette manœuvre et en revinrent rapidement aux us et coutumes du droit français : la présomption d’innocence. Ce qui fit diminuer drastiquement ce type d’accusations , et doit donc toujours inciter à une grande prudence. La justice officielle, rendue au nom du peuple français, est irremplaçable, son exercice relève d’un métier qui requiert un apprentissage, et j’ajouterai de l’expérience.
C’est pourquoi si, personnellement, j’ai toujours pris soin d’entendre les témoignages de jeunes qui se présentaient comme victimes, j’ai toujours gardé un esprit critique. Quand je me suis retrouvé aumônier de prison, j’ai connu un détenu qui se trouvait enfermé suite à un témoignage d’enfant, qui n’était qu’un texte appris par cœur rédigé par sa mère, ( avec qui il vivait) désireuse de se débarrasser de son compagnon devenu importun. Cette affaire est consignée dans un livre dans lequel un juge explique pourquoi il a quitté le métier : cette dernière affaire avait achevé de le dégoûter d’une institution qui subissait trop de pressions extérieures, politiques surtout.
Heureusement que nous étions en 2004, et que j’avais été un témoin rapproché du traitement de l’affaire d’Outreau (1997-2000), ce qui m’a permis de poursuivre mon ministère d’aumônier pendant 10 ans sans désillusions ! Il y avait longtemps que j’avais perdu la moindre illusion concernant certains politiques et juges, une minorité à l’époque !
Cette affaire d’Outreau constitua, en effet, un sommet dans le dysfonctionnement judiciaire en France, et le rôle des politiques, je n’en dirai jamais plus, mais dès 1999 ( je me trouvais encore en position de « conseil ») je l’ai fait savoir à ceux qui devaient l’entendre, ce qui m’a éloigné à tout jamais de certains hauts responsables et m’a suscité de nouveaux ennemis qui ne restèrent pas inactifs. Mais j’ai conservé mes vrais amis et je ne regrette absolument pas ce que j’ai dit. La Providence m’a d’ailleurs aidé, puisque mon retour au catholicisme en 2001 me faisait quitter Paris, et un milieu devenu nuisible à mon service du Christ.
Je suis revenu en toute confiance à l’Eglise catholique en 2001 pour différentes raisons que j’ai écrites dix ans plus tard dans mon livre d’entretiens avec Charles-Henri d’Andigné, De Luther à Benoît XVI, itinéraire d’un ancien franc-maçon, aux éditions de l’Homme Nouveau. Et pour ce qui regarde notre sujet, je savais que l’Eglise catholique en France avait pris des mesures sérieuses contre la pédophilie. Évêque luthérien de Paris depuis 1996, je rencontrais régulièrement les évêques catholiques pour les questions œcuméniques, mais nous abordions aussi d’autres sujets en conversations privées. J’eus connaissance très vite de la lettre de la CEF pour lutter contre la pédophilie, de ses rééditions, de ses différentes présentations, de sa grande diffusion, ainsi que des consignes de tolérance zéro, que j’ai pu vérifier sur le terrain dans le diocèse où je fus affecté dès 2002. Jusqu’en 2014, moment où je l’ai quitté, il n’y eut pas de problèmes et cela continue fort heureusement. Même chose lors de mon passage au diocèse aux armées de 2014 à 2018
. Cela dit, tous les diocèses ne furent pas logés à la même enseigne. Dans beaucoup d’endroits, l’ère du soupçon avait commencé. L’année 2018 vit à ma connaissance deux suicides de prêtres, dans les deux cas après un rendez-vous avec leur évêque au cours duquel ils avaient appris qu’on les soupçonnait soit de comportement inapproprié avec mineurs, soit d’avoir voulu embrasser une jeune fille de 20 ans. Le premier suicide eut lieu en septembre 2018, le second en octobre 2018. D’après ce que j’ai appris des deux affaires, si la justice avait suivi son cours, il n’est absolument pas sûr que les prêtres soupçonnés aient été conduits devant un tribunal, et si tel avait été le cas, il est absolument certain qu’ils auraient été relaxés. Et il n’y aurait eu bien sûr aucune sanction ecclésiastique.
C’est à ce moment qu’on commença à parler de l’affaire Preynat de Lyon. En réalité, on en reparlait, mais auparavant je n’en n’avais pas eu connaissance, et l’on osa y mêler le Cardinal Barbarin. Si je puis facilement comprendre les victimes de Bernard Preynat dans leur rancune à l’encontre du Cardinal, à cause des terribles souffrances qui leur furent infligées et de ce qu’elles ressentirent cruellement comme un manque d’écoute de leur hiérarchie, je ne puis en revanche admettre le comportement de certains prêtres du diocèse de Lyon vis-à-vis de leur Archevêque, pas plus que celui de certains journalistes, qui a souvent atteint et dépassé les limites de l’odieux.
C’est pour cette raison que je me suis réjoui en 2018 de la création par la CEF d’une commission indépendante, dont le présidence serait assurée par un ancien vice-président du Conseil d’Etat, institution de notre République pour qui j’ai la plus haute estime. Je ne connaissais Monsieur Sauvé que de réputation. Il y avait unanimité sur sa compétence. Le reste le concernant m’importait peu !
J’avoue cependant avoir éprouvé des craintes quelques mois plus tard pour deux raisons précises. D’une part, en prenant connaissance de la longueur de la période sur laquelle il allait enquêter : 70 ans, donc de 1950 à 2020, époque que j’ai vécue et qui recouvre un temps durant lequel notre société française toute entière a changé radicalement son regard sur la pédophilie et la manière de la combattre. De plus, on allait forcément manquer de documents ; il faudrait alors se livrer à des sondages, ce qui conduirait à des approximations. Et mon expérience politique me faisait bien évidemment craindre la méthode même du sondage. D’autre part, la présence de certains membres dans la commission m’inquiéta, je songe à Madame Nathalie Bajos par exemple, directrice de l’INSERM à qui on confiait la redoutable tâche des sondages. Madame Bajos ne se situe pas dans la ligne de l’enseignement catholique officiel en matière d’éthique, ce qui est son droit, mais ce qui à mon avis la disqualifiait pour faire partie d’une commission qui allait devoir porter des jugements sur l’Eglise catholique et lui faire des recommandations dont certaines allaient avoir une portée doctrinale.
Et comme si cela ne suffisait pas, s’ajoutèrent à ces « juges » des grands témoins qui appartenaient tous, en très grande majorité au catholicisme moderniste, voire à l’anti-catholicisme, avec cette insulte à la morale et au droit qui consista à entendre les avocats qui avaient plaidé contre le Cardinal Barbarin, et de ne même pas avertir celui qui l’avait défendu. Et ce, alors que la Cour d’appel et la Cour de Cassation avaient totalement relaxé le Cardinal. Alors oui, cette commission Sauvé était bien indépendante, mais elle n’était pas neutre !
La présentation publique à la presse, le 5 octobre 2021, me parut étrange, et le conditionnement des évêques à Lourdes, un mois plus tard, paracheva toute cette théâtralisation (mot que je n’ai pas inventé, mais que j’emprunte à un illustre assistant et participant !). Aussi ai-je après mon premier vidéo blog commencé des critiques sur ce rapport sans songer à écrire un livre.
En effet, je dépassais le temps de rémission qui faisait suite à un traitement de deux cancers, en 2018. Nous vivions à Paris , en 2021, une vie ecclésiale difficile du fait de méchancetés et d’incompréhensions vis-à-vis de notre Archevêque pour qui j’ai toujours beaucoup d’amitié et d’estime! J’ajoute que ce que nous avons vécu pendant le confinement, surtout pour la pastorale des funérailles pour laquelle je travaille, a été une rude épreuve, mais je suis heureux d’y travailler, comme aussi à la paroisse de Notre-Dame de Lourdes où je vis les bienfaits de la communion paroissiale grâce à son curé et aux paroissiens.
C’est Yohan Picquart, que je ne connaissais pas, qui me téléphona et me convainquit d’écrire ce livre avec lui. Je m’aperçus qu’il avait suivi cette affaire beaucoup mieux que moi, en m’apprenant des choses qui m’avaient échappé. Je compris aussi que j’avais un comportement lâche en me taisant. J’ai beaucoup lu sur l’histoire de l’Eglise pour ne pas me laisser impressionner par les vilenies de certains de ses serviteurs. Ces dernières n’ont jamais empêché l’Eglise d’être sainte, catholique et apostolique ! Une ! Oui, hélas ! Et chacun sait que nous sommes actuellement aux bords d’un schisme, non pas à cause de la pédophilie, mais à cause des succédanés de la philosophie des Lumières, héritière d’une certaine forme d’humanisme du XVIe siècle qui enfanta la partie mauvaise de la réforme protestante.
Le même problème réapparaît aujourd’hui, produisant les mêmes effets, en particulier comme au XVIe siècle sur la conception du rôle médiateur de l’Eglise dans le don du salut et, par voie de conséquence, sur la nature du ministère sacerdotal. Le discours sur l’égalité totale entre chrétiens conférée par le sacrement du baptême, n’est en fait qu’une version modernisée du Manifeste de Luther à la noblesse chrétienne de la Nation allemande de 1520, dans lequel on confond le sacerdoce universel des baptisés et la sacerdoce ministériel. Et je vois que l’on va se servir du scandale que constitue la pédophilie, comme jadis fut utilisé le scandale de la prédication, pour le moins farfelue, des indulgences. Mais avec une différence notable cependant. On n’eut pas besoin de grossir la somme d’argent que produisait la vente des indulgences au 16 ème siècle, (vente qui fut d’ailleurs ensuite interdite par le Concile de Trente), tandis que là, la méthode des sondages a permis de gonfler, jusqu’à l’absurde, le chiffre des personnes abusées. Car maintenant que sonne l’heure de vérité, l’heure des comptes, le moment où la commission d’indemnisation nommée par la CEF qui annonce depuis 8 mois qu’elle va payer, disposant de 20 millions d’euros pour cela, et que , selon les cas, elle se propose de verser aux victimes entre 20 000€ et 60 000€, elle n’a que 835 demandes ! Cela ne pose-t-il pas question par rapport aux 330 000 victimes annoncées ?
Il vaut alors la peine de s’interroger sur le recours, par la commission , au cabinet « Influence et Stratégie » dirigé par Madame Clarisse Coufourier qui, depuis le début de ses travaux, suit et conseille la CIASE. Quand on écoute cette dernière sur une vidéo où elle parle de son travail, cela a duré deux ans, trente mois selon Monsieur Sauvé. L’an dernier, pour les élections régionales, c’est Madame Coufourier qui conseilla Valérie Pécresse et la mena à la victoire. Il m’était facile alors de connaître ses tarifs : 1000€ par jour pour une personne d’expérience, 600€ pour un stagiaire. La CIASE était composée de bénévoles, lesquels ont forcément eu des frais puisqu’ils ont fait un Tour de France pour leur enquête, suivie d’un bout à l’autre par le cabinet « Influence et Stratégie ». Budget total de la CIASE annoncé : entre 2 millions huit cents euros et 3 millions. Si le cabinet n’a fourni à la CIASE qu’un seul employé, celle-ci a dû débourser au moins 600 000€. Si ce chiffre n’est pas exact, je supplie la CIASE, au nom de la transparence nécessaire sur les questions d’argent, en particulier dans l’Eglise, de communiquer la somme exacte ! Car si l’on peut accepter le recours à de tels services pour faire connaître les résultats d’une enquête, il devient suspect dès qu’il s’agit de l’enquête elle-même ! Influence et Stratégie sur qui ? Les victimes, les membres des paroisses, la population, le clergé, les évêques, les politiques ?
Aussi nous est-il apparu comme nécessaire de relire tout ce rapport à la lumière de toutes ces données. Nous avons été rejoints dans ce domaine par les remarques de huit éminents membres de l’Académie catholique et par Monsieur Paul Deheuvels, de l’Institut, membre de l’Académie des sciences, statisticien reconnu, de renommée internationale, à qui nous ne serons jamais assez reconnaissants pour sa préface et ses explications qui défendent l’honneur de l’Eglise. C’est la méchanceté et la perversité qui sont d’ordre institutionnel et systémique dans notre société, et l’Eglise et ses membres vivent dans notre société ! Seulement l’Eglise, elle, a été fondée par Jésus Christ lui-même. Ses institutions et son « système » viennent aussi de Lui et de ses apôtres, sans oublier la Tradition. C’est pour le proclamer hautement, en apportant les critiques qui s’imposaient au rapport Sauvé, que ce livre a été écrit.
[ Michel Viot, luthérien, franc-maçon converti en 2001, développe une pensée renvoyant dos à dos progressistes et intégristes ! ! . ]