Un ouvrage d’une qualité exceptionnelle.
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.----. Commencée le 1er novembre 1954 par quelques attaques sporadiques dans le Constantinois, achevée en théorie le 19 mars 1962 par l’entrée en vigueur du cessez-le-feu résultant des accords d’Évian conclus entre le gouvernement français et le FLN, mais violé une semaine plus tard, ce cessez-le-feu, par la fusillade de la rue d’Isly et, le 5 juillet suivant, à Oran, par l’enlèvement et le massacre de centaines d’Européens, la guerre d’Algérie fut de bout en bout une douloureuse épreuve. Et qui allait tourner au tragique à mesure que se dévoilèrent, aux mois de septembre puis de novembre 1959, les intentions véritables de De Gaulle concernant ce territoire.
Car à la stupeur devant des paroles qui semblaient enclencher un processus d’abandon succéda bientôt la fureur algéroise causée par le rappel en métropole du général Massu – fureur à l’origine de la meurtrière affaire des barricades du 24 janvier 1960. Postérieurement, il y eut aussi, épisodes notables, le putsch (Challe, Zeller, Jouhaud, rejoints par Salan) du 22 avril 1961 et son échec, les attentats contre de Gaulle de Pont-sur-Seine, le 8 septembre 1961, et du Petit-Clamart, le 22 août 1962, dirigés par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry.
Si le dossier, dans la triste péripétie des barricades, avait été transmis pour jugement au tribunal permanent des forces armées de Paris, lequel acquitta tous les accusés présents en salle d’audience, lors des procès consécutifs au putsch des généraux, et afin d’éviter une « indulgence scandaleuse », on eut recours à des juridictions d’exception (Haut Tribunal militaire et « petit » tribunal militaire), c’est-à-dire créées pour la circonstance. Ainsi Challe et Zeller, mais pas Jouhaud et Salan entrés dans la clandestinité, ayant comparu le 29 mai 1961 devant le Haut Tribunal, quinze ans de détention criminelle frappèrent l’un et l’autre. Puis Jouhaud arrêté et jugé à son tour, il serait condamné le 13 avril 1962 à la peine de mort… peu avant la capture de Salan condamné, lui, le 23 mai, à la détention criminelle à perpétuité. Retouche : Jouhaud gracié après 229 jours de cellule aux prisons de Fresnes, le 7 décembre 1962 aura lieu son transfert à Tulle en compagnie du général Salan.
Réglé le cas des « grands chefs séditieux » et supprimé le Haut Tribunal militaire, prit la suite une Cour militaire de justice qui devait envoyer au poteau d’exécution, le 6 juillet 1962, un brillant officier sorti du rang, Roger Degueldre, meneur des commandos Delta à Alger et, le 11 mars 1963, Jean Bastien-Thiry, tous deux fusillés au fort d’Ivry-sur-Seine. Quant aux prisonniers, soit à Tulle où l’on envoya neuf généraux et encore, par exemple, le commandant Denoix de Saint Marc et le colonel de Sèze, soit, plusieurs centaines, à la maison centrale de Saint-Martin-de-Ré, ils eurent le temps de méditer sur les duretés de la raison d’État.
Parce que tenant le maintien de l’Algérie française pour une « ruineuse utopie », et excluant « du domaine des possibilités toute idée d’assimilation des Musulmans au peuple français », de Gaulle avait cédé, hélas, à toutes les exigences du FLN. Une faute assurément. Mais cette histoire nous vaut aujourd’hui, remercions-en l’auteur, conseiller honoraire à la Cour de cassation, un ouvrage d’une qualité exceptionnelle.
[ Signé : Michel Toda - juillet-août 2022 dans La Nef ]
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