Royalisme ?
5/5 Lectures Françaises .
.----. Par le truchement notamment de l'école réunie autour des frères Lamennais, l'œuvre allait ensemencer le renouveau catholique français . Non sans péril néanmoins, dans la mesure où les esprits voudraient ici se contenter, avec ce monument du romantisme français, d'une apologétique de la sensibilité en lieu et place d'une apologétique de l'intelligence.
La présente édition réunit également plusieurs écrits politiques de l'auteur, parmi lesquels le retentissant pamphlet anti-napoléonien De Buonaparte et des Bourbons (1814) et De la monarchie selon la Charte (1816).
La Restauration avait définitivement lancé Chateaubriand dans la carrière politique. Devenu pair de France, il embrassa la cause de ces royalistes qu'on disait " ultras " à force de persister à être purement et simplement royalistes. Majoritaires à la Chambre des députés élue en 1815, ils entrèrent en conflit avec le gouvernement et le roi lui-même, qui procéda à la dissolution de cette " chambre introuvable " le 5 septembre 1816.
Pour une situation paradoxale, Chateaubriand accoucha d'un ouvrage qui ne l'était pas moins, mettant en cause les accointances de Louis XVIII avec les héritiers et l'héritage de la Révolution, et cherchant un remède dans l'aggravation même du mal, en se réclamant d'une lecture parlementaire des institutions de la monarchie restaurée.
Le royalisme de Chateaubriand, qui devait plus tard briser bien des lances avec ses anciens amis " ultras " n'est donc pas sans périls lui non plus. La chose n'avait pas échappé à ses contemporains Joseph de Maistre et Louis de Bonald.
[ Signé Vincent Chabrol dans " Lectures Françaises " , numéro 775 - novembre 2021 . Tous les numéros de notre revue créée en 1957, sont présentés sur ce site et de plus souvent encore disponibles ]
Avril 1802 "coup de tonnerre " !
5/5 Lectures Françaises .
.----. La publication du Génie du christianisme, le 14 avril 1802, fit l'effet d'un coup de tonnerre dans le monde des lettres, alors dominé, en France, par les " idéologies ", héritiers des Lumières et maîtres de l'Institut de France.
Prenant le contre-pied de ces mêmes Lumières et revenu, au milieu des épreuves de l'Emigration, à la foi de son enfance, Chateaubriand signait là, après trois années d'écriture entreprise dans l'exil, un vaste et chatoyant plaidoyer, plus littéraire et esthétique que proprement apologétique, en faveur de la religion catholique, qui recouvrait alors, avec le Concordat, droit de cité en France :
" Au contraire de toutes les choses humaines, dont la nature est de périr dans les tourments, la véritable religion s'accroit dans l'adversité : Dieu l'a marquée du même sceau que la vertu. "
L'ouvrage marqua durablement les esprits. En témoigne par exemple dom Guéranger :
" Entre huit ou neuf ans, il me tomba entre les mains pour quelques instants un volume du Génie du christianisme. L'impression que me firent les pages que j'en lus ne s'est jamais effacée." (Mémoires autobiographiques)
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