Une menace constante
5/5 VALEURS ACTUELLES
.----. Extrait Pour Rod Dreher, journaliste américain et chrétien orthodoxe, la société moderne est une menace constante pour la foi chrétienne : parce qu’elle tend non seulement à marginaliser, voire à exclure ceux qui s’en réclament, mais aussi à la contaminer. Si l’on n’y prend garde en effet, la modernité déteint sur une foi laïcisée, qui parfois n’est plus grand-chose de plus qu’une méthode d’accomplissement personnel teintée de spiritualisme déiste.
Le remède, selon Rod Dreher ? Ce qu’il appelle, en un essai qui mêle réflexion et enquête de terrain, « le pari bénédictin » : non pas pour transformer tous les chrétiens en moines, mais pour qu’à leur exemple ils ordonnent toute leur vie au Christ. Pour survivre au sécularisme, on ne peut plus se contenter d’aller à la messe le dimanche et de prier en semaine : il faut que le choix des écoles, des loisirs, des moyens de communication, de la profession et du lieu de vie soit subordonné à l’engagement chrétien. Et pour cela, que chaque famille ne vive pas sa foi de manière isolée, mais qu’elles s’agrègent en « communautés de foi » animées par ce “pari bénédictin”.
C’est là que le livre a fait polémique : car dès que surgit le mot “communauté”, pointe l’accusation de communautarisme. Et Rod Dreher n’a pas manqué de s’en voir accuser. Certes, tout pari comporte ses risques, et le pari bénédictin peut dégénérer en repli sur soi survivaliste, ou céder à la tentation de mépriser le combat politique : s’il ne faut en attendre un salut tombé du ciel, il n’y a pourtant aucune raison de s’abandonner sur ce plan-là à un fatalisme défaitiste. Pourtant, pour qui lit honnêtement Dreher, l’accusation est ridicule : car l’auteur n’oublie pas que les chrétiens ont mission d’évangéliser, et que le levain ne peut faire lever la pâte s’il ne s’y plonge pas. Mais il sait aussi que toute conquête suppose une base arrière solide. La tentation surnaturaliste, qui compte sur les seules forces spirituelles pour résister à l’esprit du monde, oublie que le christianisme est une religion personnelle certes, mais aussi communautaire.
[ Signé : Laurent Dandrieu dans "VALEURS ACTUELLES" ]
dossier religion !
5/5 Livreshebdo .
.----. " ...notre année 2017 a été portée par le succès chez Artège du Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus : le pari bénédictin de Rod Dreher ", souligne Bruno Nougayrède, P-DG d'Elidia, groupe rassemblant notamment Artège, Ad Solem et DDB, " Et cet essai a participé à l'ouverture d'un débat par livres interposés, autour du positionnement et de l'engagement des catholiques ", analyse l'éditeur... [ Numéro 1198 - 14 décembre 2018 de Livreshebdo ]
" Retrait stratégique "
4/5 Réseau Regain .
.----. Rod Dreher perçoit l'urgence,
non pas d'une nouvelle croisade,
mais de la conversion des âmes,
pour le bien de tous ; avec Jacques
Maritain il invite à être « l'armée
des étoiles jetée dans le ciel ».Or la règle bénédictine est riche
d’orientations (ordre, prière, travail,
ascèse, stabilité, communauté, hospitalité,
équilibre) qui peuvent être
adaptées avec fruit dans le monde
séculier: par exemple en développant
des réseaux de solidarité entre chrétiens,
en protégeant les enfants d’un
enseignement séculariste et d’influences
perverses (notamment par
la création d’écoles indépendantes),
en refusant les métiers qui posent
des problèmes moraux graves. Dreher
met en garde contre la révolution
sexuelle et son ultime avatar : une
idéologie LGBT de plus en plus oppressive,
ainsi que sur l’impact –qui
n’est pas moralement neutre – de la
technologie, notamment digitale.
Plus positivement, le «pari bénédictin
» consiste à redécouvrir l’héritage
biblique et culturel chrétien
et la beauté de la liturgie, à évangéliser
par la bonté et la beauté, à accepter
l’exil et la possibilité du martyre.
La «politique antipolitique »
que défendaient les dissidents
tchèques Havel et Benda et que Dreher
reprend à son compte, consiste
à « vivre en vérité », et à développer
une «polis parallèle» – non un ghetto
façon amish mais des petites communautés
poreuses, enracinées dans
les familles et les paroisses, capables
de rayonner autour d’elles. Dreher
a été impressionné par la créativité
des catholiques italiens du mouvement
Communion et Libération et
de sa Compagnie des oeuvres qui
ont su multiplier les initiatives sociales.
Le « retrait stratégique » qu’il
prône n’est donc pas un simple repli,
mais plutôt un appel au peuple de
Dieu pour qu’il retrouve son dynamisme
de «minorité créative »
(comme disait Benoît XVI).
La parution
de son essai (facile à lire comme
savent faire les Américains) est une
bonne nouvelle de cette période ! [ Notes de lecture de Georges Leroy, décembre 2017 ]
" Pari bénédictin "
4/5 Réseau Regain .
.----. À la fin de son livre Après la
vertu, le philosophe Alasdair MacIntyre
proposait la construction de
«nouvelles formes locales de communauté
où la civilité et la vie intellectuelle
et morale pourront être
soutenues à travers les ténèbres qui
nous entourent déjà ». Il ajoutait :
«Nous n’attendons pas Godot, mais
un nouveau (et sans doute fort différent)
saint Benoît.»
Un journaliste,
écrivain et père de famille américain
a voulu approfondir cette intuition.
Rod Dreher, 50 ans, ancien protestant
devenu successivement catholique
puis orthodoxe, qualifie son projet
«contre-culturel» de «pari bénédictin
» (Benedict Option). S’inspirant
de la Règle de saint Benoît, il veut
inciter les chrétiens à mettre leurs
pratiques en cohérence avec une
foi qui ne peut être rabaissée à un
simple « déisme éthico-thérapeutique
» sans implications concrètes.
Voici un essai décisif, peu consensuel,
fruit d'une intuition tenace :
les chrétiens vont devoir prendre de
fermes résolutions, intérieures et pratiques,
pour résister aux fléaux de la
modernité. En effet, comment vivre
sa foi dans un monde sécularisé devenu
de plus en plus hostile à l'Évangile
? Ceux qui minimisent le phénomène
participent à son accélération,
affirme l'auteur avec lucidité,
sans regrets ni résignation. Depuis
son poste d'observation, ce père de
famille, chrétien fervent et journaliste
renommé (The American Conservative),
scrute et enquête : quelles sont
les racines de la fragmentation de
nos sociétés occidentales ? En quoi
la sexualité et la technologie déstabilisent
l'Église ? Pourquoi les sacrifices,
la liturgie et la prière constituent
les clés d'un réveil ? ( suite ... )
Intéressant et décevant
3/5 Joséphine
Livre très intéressant pour notre temps qui reprend les mêmes idées que John Senior dans "la Restauration de la Culture Chrétienne". Cependant, il y a des longueurs avec la multiplication des exemples issus surtout des milieux protestants et le Carême concerne aussi les Catholiques, ce que l’auteur passé à l'orthodoxie semble oublier. De plus, ce syncrétisme chrétien œcuménique met mal à l'aise parfois