Bravo ! Bravo pour cette réédition et de l'avoir mis à votre catalogue . Je possède l'édition originale sous une belle reliure qu'avait fait faire mon père ! Mais vous oubliez de dire qu'il y avait eu une édition expurgée et complétée par l'auteur sous le titre " Mémoires d'un fasciste " chez Pauvert en 1976 . La nouvelle édition donne-t-elle les compléments et signale-t-elle ce qui avait été supprimé ? J'ajoute que je ne suis pas fasciste et que je suis très éloigné de l'anticatholicisme et des critiques sur Maurras que l'on trouve chez cet auteur . Pour moi ce livre est assez emblématique de la littérature 41-45 et c'est en ce sens que je lui donne 5 étoiles .
Jean Saumur 49. - 29/10/2015
Vestiges de l'Occupation. .----. Lucien Rebatet n'est certainement pas un homme recommandable. Connu surtout pour " Les Décombres ", pamphlet violemment antisémite, anticatholique, anticommuniste, antigaulliste, antivichyste ( ouf! ), paru en 1942 en zone occupée ( et très mal reçu en zone libre ), il n'eut pas le courage d'un Brasillach ou d'un Darnand, assumant leurs idées, et tenta de minimiser sa responsabilité à son procès. La réédition proposée par l'excellente collection Bouquins de Robert Laffont est très richement dotée en notes et en informations sur la période. Mais elle est surtout accompagnée d'un " inédit de Clairvaux ", écrit, comme son nom l'indique, en prison et qui complète fort bien la lecture de ces vestiges de l'Occupation. [ Numéro 1036 - vendredi 25 mars 2016 de " Les 4 Vérités Hebdo " ( 3 rue de l'Arrivée - 75015 - Paris ) spécimen de ce bulletin sur simple demande de la part de " Chiré " ]
Les 4 Vérités Hebdo. - 31/03/2016
La peine de mort à la Libération ! .----. Lucien Rebatet : Il est toujours étrange de voir de belles consciences de gauche, résolument hostiles à la peine de mort, trouver légitime que des écrivains collaborateurs aient été fusillés et, mieux encore, estimer que certains eussent dû l’être. C’est à l’historien Pascal Ory, militant socialiste bon teint, que l’on a demandé d’écrire la préface de la réédition des Décombres de Lucien Rebatet. À cette occasion, il a rappelé que, dans son premier article paru il y a 40 ans, il estimait normal que Brasillach ait été exécuté ¹. Doux euphémisme si l’on en juge par sa déclaration de l’époque : « À la date du 6 février 1975, je suis prêt à signer un appel en faveur de l’abolition de la peine de mort ; mais à celle du 6 février 1945, au nom d’une certaine idée de l’intellectuel et du militant, j’accepte de figurer parmi les douze hommes qui exécutèrent au petit matin le condamné Robert Brasillach, dans la cour de la prison de Fresnes ³. » Notons que c’est à l’occasion du 30e anniversaire de sa mort que cette élégante déclaration fut formulée et passons sur le fait que ce spécialiste de la collaboration ignore que Brasillach a été fusillé au fort de Montrouge. Qu’un intellectuel puisse rétrospectivement se porter volontaire pour faire partie d’un peloton d’exécution laisse pantois…
Si on lui a demandé de rédiger la préface de la réédition des Décombres ³, c’est parce que Pierre Assouline, sollicité, a décliné la proposition, estimant qu’il eût été trop sévère pour l’auteur. Ce qui ne l’a naturellement pas empêché de l’être dans un article " affirmant que, pour ce brûlot et ses articles de Je suis partout, Rebatet méritait « douze balles rouillées et tirées dans le dos ». Son blog, contrairement au mien, étant ouvert aux commentaires, cela a donné lieu à un échange acidulé avec Henri Thyssens. Lequel l’a condensé de la sorte : « La fusillade dans le dos est réservée à ceux qui font “intelligence avec l’ennemi en temps de guerre”. On suppose que les balles rouillées font allusion à une justice trop lente à son gré. Le biographe talentueux de Simenon, dont la devise était “comprendre et ne pas juger”, qu’il aurait pu faire sienne, se transforme en justicier implacable à l’occasion de la réédition du livre d’un auteur antisémite qu’il abhorre. Comme je lui en faisais le reproche, la réponse fut : « J’espère bien que cette phrase me sera comptée. Et tant mieux si elle l’est déjà. » Cette haine recuite chez un intellectuel réputé modéré est navrante. »
S’il m’arrive de déplorer chez mon compatriote des réactions à l’emporte-pièce, je ne puis qu’approuver ce commentaire. Soixante-dix ans après l’épuration, il serait temps en effet de porter un jugement dépassionné (ce qui n’exclut pas la lucidité) sur ces hommes qui, s’étant cru des révolutionnaires dans une période troublée, ont agi exactement de la même manière que certains de leurs prédécesseurs deux siècles auparavant.
1.Julie Clarini, « Berl et Rebatet : convergence et confusion à Vichy » [propos recueillis de Pascal Ory et Henri Raczymow], Le Monde, 2 octobre 2015.
2.Pascal Ory, « Apologie pour un meurtre », Le Monde, 6 février 1975. Cet article avait suscité la réaction de plusieurs intellectuels (dont Thierry Maulnier, Robert Aron et Dominique Jamet) publiée le 11 février dans ce quotidien.
3.Bénédicte Vergez-Chaignon (éd.), « Le Dossier Rebatet » [Les Décombres ; L’Inédit de Clairvaux], Éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 1152 p., préface de Pascal Ory..
4.Pierre Assouline, « Lucien Rebatet exhumé des décombres », Le Magazine littéraire, n° 560, octobre 2015. Repris dans La République des livres, 12 octobre 2015 [http://larepubliquedeslivres.com/rebatet-exhume-des-decombres]
5.Henri Thyssens, Robert Denoël, éditeur [http://thyssens.com/01chrono/chrono_2015.php]
6.En témoigne éloquemment l’échange entre Céline et Lucien Combelle en décembre 1941 : « Il nous faut trouver des révolutionnaires ! », Le Bulletin célinien, n° 349, février 2013, pp. 12-13.
[ ce texte est extrait du " Bulletin Célinien de Marc Laudeloup, vous pouvez demander un spécimen de la part de " Chiré " à Marc Laudeloup - 139 rue Saint-Lambert - B.P. 77 - 1200 Bruxelles - Belgique ]
Le bulletin célinien. - 31/03/2016
Le plus grand polémiste de la guerre .----. Le plus grand polémiste de la guerre, c'est Lucien Rebatet. Le Rebatet des Décombres.Et les Décombres, bestseller de l'occupation, proscrit par les libérateurs victorieux, est essentiellement un pamphlet de droite.
Pamphlets de droite, également, l'Uranus et La Tête des autres, de Marcel Aymé ; Le Gala des Vaches, d'Albert Paraz, et l'admirable Pauvre Bitos, de Jean Anouilh. Sans le moindre doute, Beaumarchais, aujourd'hui, serait fasciste.
A ces chefs-d'œuvre qui fustigent l'ignominie des gangs bellicistes de 38-39, l'abjection des démocrates nantis, le sadisme des bourreaux maquisards, qu'est-ce que les " autres " ont à opposer ? Rien. Strictement rien. Les Silences de la Mer contre les Décombres ? Alas poor Vercors ! Les évènements de ces vingt dernières années n'ont pas inspiré à la gauche un seul sursaut littéraire de quelque mérite, un seul cri de refus qui rende un son authentique, un seul pamphlet valable.
[P.-A.C. dans " Le pamphlet est à droite " éditorial du numéro 1 de Lectures Françaises en Mars 1957 ]
Pierre-Antoine Cousteau - 19/03/2017
Best-seller ? .----. C’est un best-seller dont le succès interroge la société française. “Les Décombres” de Lucien Rebatet, pamphlet antisémite de l’écrivain collaborationniste, est réapparu dans les librairies ce mercredi 5 octobre 2015. D’après L’Express, les 5000 exemplaires réédités aux collections Robert Lafond, se sont écoulés en moins d’une journée. Les éditions Robert Laffont ont d’ores et déjà lancé une réimpression de 3000 exemplaires supplémentaires pour faire face à la demande. Comme le précise L’Express, cette réédition, sous le titre Le Dossier Rebatet comprend de nombreuses notes explicatives. Commenté et annoté par Bénédicte Vergez-Chaignon, spécialiste de la Seconde guerre mondiale et auteur de nombreux ouvrages consacrés à la collaboration et au régime de Vichy, le livre remet en perspective la place de Rebatet et recontextualise le discours de l’écrivain.
Invité de l’émission “Radioscopie” de Jacques Chancel, le 10 décembre 1969, l’animateur introduisait l’écrivain en déclarant : “Lucien Rebatet… Ce seul nom évoque d’étranges souvenirs, nous ramène vingt-neuf ans en arrière et suscite encore de la haine”.
Paru en 1942 après la rafle du Vel d’Hiv, ce pavé de 664 pages fait l’éloge de l’occupation et appelle à “la purification” via le meurtre. A cette époque, l’œuvre de Rebatet avait déjà connu des ventes mirobolantes : 62 000 exemplaires s’étaient écoulés en moins d’une semaine. [ Publié le 16 octobre 2015 ]
https://www.delitdimage.org/ - 21/05/2020