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Cardinal Louis-François-Désiré-Edouard PIE (1815-1880)

Cardinal Louis-François-Désiré-Edouard PIE (1815-1880)
Résumé rédigé en latin par le R. P. Dorveau, chanoine honoraire de la cathédrale de Poitiers, et déposé dans le cercueil du cardinal, le lundi 24 mai 1880. Traduction parue dans la Semaine liturgique du diocèse de Poitiers du 30 mai 1880. Louis-François-Désiré-Edouard Pie naquit d'une honorable famille, le 26 septembre 1815, à Pontgouin, au diocèse de Chartres. Dès sa première enfance, on vit briller en lui la piété la plus vive, aussi bien qu'un amour ardent pour l'étude, et dès lors ses progrès firent concevoir des espérances que plus tard sa science justifia. Après ses premiers pas dans la cléricature et ses études théologiques au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, il fut ordonné prêtre en 1839, et célébra sa première messe le jour de la Trinité. Nommé vicaire général par l'illustre et vénéré Mgr Clausel de MontaIs, évêque de Chartres, il parut à tous orné des qualités éminentes qui devaient attirer bientôt sur lui les honneurs de l'épiscopat. En effet, pendant le cours de l'année 1849, Pie IX, d'heureuse mémoire, le préconisa évêque de Poitiers dans le consistoire du 28 septembre ; il n'avait pas encore 34 ans. Consacré le 25 novembre, il fit son entrée à Poitiers le 8 décembre, en la fête de l'Immaculée-Conception de la sainte Vierge, envers laquelle il eut les sentiments de la plus tendre dévotion, comme le prouve sa devise : Tuus sum ego, "je suis vôtre". Son esprit élevé et pénétrant, sa mémoire très fidèle, sa connaissance de l'antiquité chrétienne et sa science de la sainte théologie étaient admirables. Il se faisait remarquer surtout, par une éloquence vraiment épiscopale, et à cause de son zèle ardent pour tout restaurer dans le Christ, il mérita d'être appelé un nouvel Hilaire partout où s'étend le nom de l'Eglise romaine. Il contribua beaucoup à faire décerner à saint Hilaire et plus tard à saint François de Sales le titre de docteur de l'Eglise. Dans des écrits remarquables, il défendit la doctrine catholique dont toujours il maintint l'intégrité virginale. Il démasqua, poursuivit et combattit sans relâche et avec une ardeur infatigable les nuances multiples du naturalisme et du libéralisme contemporains. Il s'employa efficacement à faire reprendre la célébration des conciles provinciaux, en exécuta les décrets et, conformément à l'esprit qui les avait inspirés, il rédigea les statuts qu'avaient préparés 24 synodes diocésains. Tenu en rigueur par le pouvoir civil, il ne cessa de défendre courageusement les droits de l'Eglise et du Saint-Siège. Avec une liberté tout apostolique et par des paroles restées célèbres, il stigmatisa l'audace sacrilège de ceux qui avaient préparé et favorisé l'invasion des Etats pontificaux. Ayant constamment à coeur le salut des âmes, il n'omit jamais, soit dans sa cathédrale, soit dans les autres églises de son diocèse, de faire entendre la parole de Dieu. II érigea des paroisses en grand nombre ; consacra 121 églises, conféra la dignité épiscopale à quatre de ses prêtres, car "les Eglises de France étaient fières d'avoir pour évêques des disciples d'un si grand pontife". II fonda, sous le nom d'Oblats de Saint-Hilaire, une congrégation diocésaine de prêtres auxiliaires pour remplir les différentes fonctions du ministère ecclésiastique. II fit venir dans son diocèse beaucoup de familles religieuses et fut si bien leur protecteur et leur père que, "sans être moine lui-même, il mérita d'être appelé l'ami très dévoué des moines". Les séminaires, les collèges, les hôpitaux, les orphelinats, n'échappèrent pas à sa sollicitude. Au Concile oecuménique du Vatican, il eut une part notoirement prépondérante dans la définition de la vraie doctrine au sujet de Dieu, de l'Eglise, de l'autorité et de l'infaillibilité du Souverain Pontife, et ferma ainsi la route à tous les sophismes de l'erreur. II encouragea les sciences ecclésiastiques - et créa une faculté de théologie catholique de l'Université de Poitiers. Ces éminentes qualités, ces nombreux mérites lui firent décerner les honneurs de la pourpre par le Souverain Pontife Léon XIII, qui le créa cardinal prêtre de la sainte Eglise romaine, du titre de Sainte-Marie-de-la-Victoire, dans le consistoire du 12 mai 1879. II gouverna l'Eglise de Poitiers 30 ans 5 mois 23 jours, et mourut au palais épiscopal d'Angoulême dans la 65è année de son âge, le 18 mai 1880. Acte de décès Le 18 mai 1880, Louis-François-Désiré-Edouard Pie, cardinal prêtre de la sainte Eglise Romaine, du titre de Sainte-Marie-de-la-Victoire, au moment où chacun, les yeux tournés vers lui, le regardait comme l'appui des catholiques, à la veille des catastrophes terribles qui menacent l'Eglise, par une permission de Dieu "dont les jugements sont équité et abîme sans fond", fut enlevé, après avoir reçu l'absolution sacramentelle, par une mort subite, mais non imprévue, dans le palais de l'évêque d'Angoulême, avec lequel il avait célébré les fêtes de la Pentecôte.