Tout ce qu’il faut savoir !
5/5 Le Sel de la terre .
.----. En se parodiant lui-même, Paul Féval aurait pu sous-titrer son histoire du Mont Saint-Michel : « Si tu ne viens pas au Mont Saint-Michel, le Mont Saint-Michel viendra à toi ». Le célèbre romancier du 19e siècle nous présente en effet, en trois parties (1. – L’apparition et la fondation ; 2. – Les moines ; 3. – Les sièges), tout ce qu’il faut savoir sur la « merveille de l’Occident ».
L’éditeur a ajouté en introduction une biographie de l’auteur qui, après sa conversion (1876), entreprit courageusement la révision de tous ses romans antérieurs, pour les rendre conformes à la foi et à la morale catholiques. On lira avec intérêt le récit de la campagne anti-jésuites qui fut lancée par le feuilletoniste Eugène Sue à l’instigation de la franc-maçonnerie (« Un jour le Dr Véron vint trouver Eugène Sue et lui dit : “Il y a une fortune à faire en attaquant les jésuites”, et il mit cent billets de 1000 francs sur la table. L’écrivain n’avait pas de scrupules, il ramasse les billets et se mit à écrire », p. 35). La même proposition fut faite à Paul Féval. L’honnêteté avec laquelle il la refusa prépara sans doute sa conversion. [ Le Sel de la terre, n° 87, hiver 2013-2014 ]
LES MERVEILLES DU MONT ST MICHEL
5/5 Action Familiale et Scolaire n 245 246 p 94
D'emblée, ce livre (paru pour la première fois en 1879) présente une particularité : après la préface de T. Martin, 30 pages racontent la biographie de P. Féval. Il en ressort que cet auteur très chrétien du XIXème siècle, est un bon breton. En retraçant l'épopée du Mont St Michel, comme s'il s'agissait d'un personnage, il amarre fièrement ce monument à la Bretagne, en partant de l'année 709, où St Michel est apparu à St Aubert 12ème évêque d'Avranches (en Normandie !), au mont Tombe. Paul Féval décrit minutieusement l'histoire mouvementée du Mont St Michel, souvent attaqué, jamais envahi, objet des guerres entre les Bretons, les Normands, les Anglais et les Français, d'abord occupé par un collège de douze clercs désignés par Aubert, puis par les bénédictins pratiquement jusqu'à la révolution française, où Satan, - l'ange révolutionnaire - fit profaner le sanctuaire en 1790.
Après plusieurs jours d'orgie, des jeunes volontaires d'Avranches reprirent la basilique, qui, finalement, servit de prison à des ecclésiastiques « trop vieux pour obéir à la loi d'exil ». La virée de Galerne ouvrit les portes, mais le retrait des Vendéens ramena les soldats. Après la suppression de la « maison centrale du Mont St Michel », en 1863, l'évêque de Coutances demanda à rendre l'édifice au culte. Les missionnaires de St Èdme de Pontigny reprirent le flambeau et restaurèrent la confrérie de St Michel. Dans ce livre, Paul Féval décrit assez minutieusement les péripéties historiques de la fondation jusqu'à l'époque moderne, avec, en parallèle, la dimension humaine et
religieuse de l'histoire du Mont, en voulant montrer la protection que l'archange a accordée à « son » monument et à la France en général : ainsi, l'assistance à Jeanne d'Arc.
Il conclut donc en demandant à l'ange protecteur de la France de continuer à intervenir pour la sauver des périls qui la menacent.
<p align="right">RdE <a href= http://afs.viabloga.com/ target=_blank>afs.viabloga.com</a>/
Excellent
5/5 Clotilde
Un merveilleux livre qui nous replonge a travers l'histoire du Mont dans l'histoire de France.Nous avons oublié dans notre 21eme siècle la place qu'a eu Saint Michel dans notre histoire, lui patron de notre pays. J'ai lu ce livre comme un roman, et je le recommande a tous mes proches, qu'ils aiment l'histoire, le Mont, la France, les livres religieux ou les grandes aventures...
Un récit minutieusement documenté
5/5 Rivarol N°3109 - 26 Sept 2013
On a du mal à croire que l'historien érudit qui nous conte la prodigieuse édification du sanctuaire de l'Archange, capitaine des légions célestes, s'identifie au plaisant feuilletoniste monarchiste des Mystères de Londres (où il brosse un portrait satirique et vengeur de la perfide Albion), faisant ainsi pièce aux Mystères de Paris du socialiste Eugène Sue.
Et pourtant on retrouve dans ce récit minutieusement documenté, mêlant miracles et légendes, la puissante imagination, le style alerte et la fantaisie langagière teintée d'humour de l'auteur du Bossu et de tant d'autres romans de cape et d'épée qui lui valurent gloire et fortune.
Selon Jean Grenier, ce Breton de vieille souche vit le jour à Rennes le 29 septembre 1816 en la fête prémonitoire de saint Michel, dans une famille de magistrats désargentés. Il connut peu son père, conseiller à la Cour, "homme de savoir et de vertu" mort en 1827 ; retirée dans un vieux château du Morbihan, sa mère, très pieuse, veilla seule à son éducation religieuse parmi de nombreux frères et soeurs ; sous le manteau de l'âtre, la nature sensible de l'enfant s'imprégna des récits fabuleux du pays d'Armorique, les exploits des héros de la chouannerie enflammant son univers affectif. De laborieuses études de droit le dégoûtèrent de la basoche, l'état de commis chez un banquier parisien lui convenant encore moins.
Dans sa mansarde rue de la Cerisaie, ses essais littéraires sans écho l'amènent au bord de l'inanition quand de bonnes âmes du quartier, touchées de cette misère, requinquent le pauvre hère. Des revues s'avisent de son talent et publient ses nouvelles : le voilà lancé dans la carrière féconde et rémunératrice de vaudevilliste à la mode. Décidément né sous le signe de la Providence, Paul Féval, souffrant d'une grave névrose, est hébergé dans la famille d'un médecin analphabète pratiquant l'homéopathie ; en reconnaissance de ses soins salvateurs, il épouse la fille du docteur Pénoyée "qui ne lui déplaisait pas" ! L'angélique Marie sera l'artisan de son retour, en 1876, à la foi religieuse dont il rend compte dans les Etapes d'une conversion.
Devenu riche et adulé, président de la Société des Gens de Lettres, titulaire de la Légion d'Honneur, des placements inconséquents ruinent ce foyer de huit enfants : à 60 ans, il entreprend la révision complète de son oeuvre pour en expurger les pages qu'il juge futiles ou amorales au regard de l'Eglise catholique, le produit de la réédition étant entièrement dévolu aux pauvres. Afin de nourrir les siens, il vend tous ses biens, se reconvertit en conférencier polémiste, fustigeant les lois anticléricales de l'heure, et publie Jésuites à la gloire d'Ignace de Loyola.
Pour décrire Les Merveilles, Paul Féval exhume d'antiques archives, réinvente la forêt originelle d'où jaillit le formidable bloc de granit du Mont-Tombe et plonge dans les profondeurs archéologiques des lieux où saint Michel apparut à l'évêque d'Avranches saint Aubert en l'an 709, lui ordonnant de construire une église autour des reliques du Mont-Gargan acheminées d'Italie par une foule de pèlerins, dont Childebert et ses leudes. Parmi les moines bâtisseurs, en 1017 Hildebert II se signale par sa science architecturale inspirée. Des croquis évocateurs illustrent l'état d'avancement des travaux, maintes fois repris. Accablée de vicissitudes, l'abbaye bénédictine, achevée en 1235, incendiée en 1300, pillée et profanée au cours des âges, renaît toujours de ses cendres et s'inscrit dans la longue histoire de la France dont l'auteur relate les heurs et malheurs à travers les actions de ses rois, plus ou moins fidèles à leur mission divine. Car le surnaturel imprègne tous les chapitres de ce livre, par ailleurs truffé de digressions plaisantes, de commentaires drolatiques, de réflexions malicieusement anachroniques rappelant la verve truculente du romancier.
Dans sa préface, Thierry Martin exprime avec lyrisme l'émotion qui saisit le visiteur face à l'admirable édifice. L'éditeur consacre sa postface au rôle des anges dans la Sainte Ecriture, rappelant leur présence tangible auprès de chaque chrétien, et fait un judicieux parallèle entre tous les sanctuaires dédiés à saint Michel à travers le monde.
<p align="right">Marie-Gabrielle Decossas <a href= http://www.rivarol.com/ target=_blank>www.rivarol.com</a>