"Les maux diagnostiqués dans ce livre juste avant la Seconde Guerre mondiale n'ont rien perdu de leur virulence. Les progrès vertigineux, imprévisibles il y a 50 ans, de l'informatique et de la biologie (la machine tenant lieu de pensée, les greffes d'organes, les manipulations génétiques, etc.) amplifient aujourd'hui cette menace de dénaturation (le mot allemand Verwesung serait plus expressif) des sources profondes de l'existence.
Faut-il condamner en bloc tous ces progrès ? Nous assistons à une révolution sans précédent dans l'histoire, et l'absence de références dans le passé rend incertaine toute prévision de l'avenir. "La tragédie de l'homme moderne, a-t-on écrit, est de mettre sa fin dans le perfectionnementdes moyens". Or les moyens coupés de la fin se retournent contre leur auteur. Et l'unique problème se pose ainsi : l'homme, investi de pouvoirs démesurés sur la nature et sur lui-même, saura-t-il dominer et sélectionner ces moyens en vue de sa fin ou succombera-t-il sous leur puissance désorbitée ? Sera-t-il le vainqueur ou la victime de ses conquêtes ?
La révolution technique appelle, exige une révolution spirituelle - celle-ci ne pouvant être, selon l'expression de Simone Weil, que "le retour à un ordre éternel momentanément perturbé." Un ordre fondé à la base sur le respect de la nature et de ses limites et au sommet sur le retour à Dieu, seul dispensateur d'un infini qui nous attend dans l'éternité et que nous cherchons pour notre ruine sur la terre et dans le temps." Gustave Thibon
Essai de psychologie sociale.
Société contemporaine : son VICE, le refus de Dieu . .----. Voici enfin réédité l'un des chefs d'oeuvre de Thibon, écrit en 1937 et qui n'a pas pris une ride .
Par le biais d'essais assez brefs et frisant souvent la perfection, le philosophe serein et imperturbablement lucide porte son regard sur la société contemporaine, ses travers, ses vices, SON vice : le refus de Dieu . Dieu évacué, ignoré, relégué au plus profond des tabernacles quand ceux-ci ne sont pas renversés .
A l'ombre de Nietsche, le révélateur de l'apostasie contemporaine, Thibon porte ses diagnostics : il analyse le mal, et nous montre, calme, attentif, dévoué, les remèdes . Pas de tirades ambitieuses : des traits aigus, des constats sans appel, des solutions simples et pourtant radicales .
Tout y passe : de l'esprit d'économie, l'égalité et le problème des classes, travail et loisirs, les libertés, égalitarisme et fonctionnarisme, marxisme et freudisme, esprit de gauche et esprit de droite, centralisation et anarchie, le personnalisme, la morale et les mœurs...
Le médecin Thibon n'oublie rien et si certaines pages (notamment sur les questions morales) pouvaient sembler à certains alarmistes, voire exagérées en 1937, elles ont acquis une acuité remarquable de nos jours .
Le sage nous éclaire sur le mal et nous montre les remèdes, et cela est dit d'une manière si simple, si éloignée de toute palinodie intellectualiste . A nous de savoir l'écouter et réagir en conséquence . A partir de 17 ans . [ " Plaisir de Lire " , numéro 70 , Noël 1985 ]
Plaisir de Lire . - 20/05/2020
- ISBN : 9782213016528
- Titre : Diagnostics
- Auteur : THIBON (Gustave)
- Editeur : FAYARD (EDITIONS)
- Collection : LITT.GENE.
- Nb Pages : 160
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 14
- Largeur : 135
- Hauteur : 215
- Poids : 0.21Kg
Gustave THIBON (1903 -2001)
Gustave Thibon est mort, le 19 janvier 2001, à St Marcel d'Ardèche où il était né le 2 septembre 1903. Fils d'un agriculteur, il ne fit aucune étude importante et se trouve être l'exemple type de l'autodidacte qui dévora des milliers de livres à partir de l'âge de 20 ans environ et apprit seul plusieurs langues : latin, grec, anglais, allemand, italien, espagnol.
Quelques temps plus tard, il rencontra Jacques Maritain qui accueillit ses articles dans ses Cahiers de philosophie thomiste en 1931. Peu après, il publia (1934) son premier livre La science de caractère qui allait être suivi d'une vingtaine d'autres.
Au moment de la guerre, il manifesta plutôt de la sympathie pour le maréchal Pétain (il fut en 1942, membre de la direction du Centre français de synthèse à Vichy), exalta les chantiers de jeunesse et donna quelques articles à Idées "revue de la révolution nationale". Ni résistant, ni collaborateur, il refusa de recevoir la francisque et n'accepta pas un poste d'ambassadeur qui lui fut proposé. Ce fut pour lui une période féconde pendant laquelle il écrivit plus de la moitié de son oeuvre (de 1940 à 1953). Il se fit connaître également en accueillant chez lui Simone Weil, en 1941, jeune philosophe juive exclue de l'université, avec qui il se lia d'une très forte amitié intellectuelle.
Après la mort de S. Weil (en 1943 à Londres, à l'âge de 34 ans), il publiera son livre La pesanteur et la grâce au moment de la libération. Il reprit son intense activité intellectuelle après la guerre en écrivant une multitude d'articles dans plusieurs publications et en prononçant de très nombre uses conférences (nous le rencontrâmes en particulier à plusieurs reprises aux congrès de Lausanne de la Cité Catholique ainsi qu'aux rassemblements royalistes des Baux de Provence).
Il accepta d'apporter sa collaboration à la revue Itinéraires de Jean Madiran et son soutien à l'Alliance Jeanne d'Arc présidée par le général Weygand.
Catholique sincère, il était un homme inclassable, sage, philosophe et défenseur de son milieu rural, n'étant rattaché à aucun courant ni mouvement politique et religieux, même si ses affinités l'inclinèrent à se situer assez proche de Mgr Lefebvre et du courant royaliste. Actuellement une quinzaine de ses livres ont été réédités et restent disponibles. Celui qui résume le mieux la personnalité et les idées du philosophe est au soir de ma vie : mémoires recueillis par Danièle Masson (Plon 1993, épuisé en 2017).
Il fut couronné à deux reprises par l'Académie française qui lui décerna son Grand Prix de Littérature en 1964 et son Grand Prix de Philosophie en 2000. Notice publiée dans "Ils nous ont quitté" de Lectures Françaises n° 527, mars 2001
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De Charles Maurras (LAction française, 10 juin 1942, page 2) :
"Gustave Thibon est sans conteste le plus brillant, le plus neuf, le plus inattendu, le plus désiré et le plus cordialement salué de nos jeunes soleils !"
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