Sainte Geneviève - Patronne de Paris et son influence sur les destinées de la France

« Sainte Geneviève apparaît au Ve siècle comme le bon génie d’une ville et d’un peuple destinés à jouer le premier rôle dans l’histoire du monde. Son nom se retrouve lié au souvenir d’un bienfait, presque à chaque page de nos annales. Cette simple fille des champs, dont l’existence tout entière fut consacrée à soulager la misère de ses concitoyens, ne devait jamais mourir pour le peuple. Quand Dieu la rappela vers lui, ses dépouilles mortelles, recueillies avec soin, prirent sa place, et ceux qui souffraient venaient demander à ces reliques les secours que la Sainte leur avait autrefois prodigués. Dans les calamités publiques, sa châsse, découverte à tous les yeux, était promenée dans les rues et portée avec pompe à Notre-Dame. Quelle touchante pratique que ces processions solennelles qui, depuis l’année 1129 jusqu’à l’année 1765, se sont répétées plus de cent fois, et toujours dans des circonstances malheureuses !

C’est cette influence prodigieuse d’une pauvre bergère que nous nous sommes proposé de mettre en lumière, en écrivant la vie de sainte Geneviève. Nous avons voulu, non seulement édifier et instruire, mais faire éclater, aux yeux de tous ceux qui s’attachent avec amour au passé et à l’avenir de la France, l’alliance féconde du sentiment religieux et du patriotisme. Telle est la pensée qui nous a préoccupé dans tout le cours de notre récit, et surtout dans la seconde et dans la troisième partie. »

« Nous racontons dans la première les faits peu nombreux, mais pleins d’intérêt, qui se rapportent à l’enfance et à la jeunesse de notre Sainte…/… Nous suivons ensuite Geneviève depuis son arrivée à Paris jusqu’au jour de sa mort ; elle édifie ses concitoyens par ses vertus et ses austérités, elle dirige les vierges par ses conseils, éloigne Attila et les Huns de la cité, la sauve des horreurs de la famine lorsqu’elle est assiégée par Childéric, contribue par ses prières à la conversion de Clovis, et associe ainsi sa mémoire à celle de ces trois personnages qui, au nord de la Gaule, dominent les grands évènements de la fin du Ve siècle. Nous la voyons enfin consacrant par de pieuses visites certains pèlerinages, multipliant partout les miracles et les bienfaits sur ses pas. C’est sa vie publique, pour ainsi dire, son ministère de charité et d’édification. La persévérance du culte rendu à notre glorieuse Patronne, les sanctuaires élevés en son honneur, les chanoines préposés à la garde de son tombeau, les miracles presque innombrables qui s’y accomplissent, les processions de sa châsse portée à Notre-Dame à travers les flots d’un peuple ivre d’enthousiasme et rempli de confiance ; les hommages des rois, des savants, des poètes et des artistes ; la construction du temple grandiose qui, au siècle dernier, remplace la vieille basilique ; la profanation de ce temple et les solennelles réparations de la France chrétienne, exigeaient une étude spéciale sur la gloire posthume de l’illustre vierge ; nous l’avons faite dans la troisième partie. »