"le bon sens éclairé de toutes les lumières de l'intelligence" .----. Quand avait paru en avril 1940, à la veille de l'effondrement militaire de la France, l'essai de physiologie sociale intitulé Diagnostics, une préface de Gabriel Marcel, qui s'imposa dans les années 1930 comme un méditatif de tout premier plan, aiderait beaucoup au succès du livre et au renom de l'auteur. Ainsi que Thibon l'a raconté, Gabriel Marcel, « d'un naturel enthousiaste », était venu à lui spontanément, après avoir lu ses pages sur l'esprit d'économie, publiées dans une petite revue.
Et d'ajouter : « Il m'a écrit une très belle lettre ; je lui ai répondu, je l'ai invité - et ce fut la naissance d'une grande amitié. » Belle lettre de Marcel donc, et sa « fervente adhésion ». Pourquoi ? « J'admirai d'abord l'extraordinaire vitalité de la pensée, soulignera le philosophe, mais aussi le bonheur des formules. » Plusieurs « fulgurantes ». Tout en ignorant encore à ce moment-là qu'on devait à Thibon « des centaines d'aphorismes qui suffiraient à la gloire d'un écrivain ». En un mot, pour Gabriel Marcel bientôt mieux informé, cette destinée hors norme du paysan de l'Ardèche ne pouvait manquer de « réfuter les prétentions absurdes qui recouvrent le sol avare et mal drainé d'une certaine impuissance universitaire ».
Combien, depuis, l'œuvre de Gustave Thibon s'est développée, enrichie. Combien il a imprimé d'équilibre et d'harmonie dans les têtes et dans les cœurs. Combien son parcours a été, au moins pour quelques-uns, fortifiant, roboratif. Ouvrez le présent recueil (des billets insérés dans divers journaux entre 1960 et 1980) et vous verrez « le bon sens éclairé de toutes les lumières de l'intelligence ».
[ Signé : Michel Toda dans Lectures - Avril 2022 de La Nef ]
P.S. : Qu'est-ce que La Nef ?
La Nef a été créée en décembre 1990, c'est un magazine mensuel, catholique et indépendant. Ce faisant, La Nef s'inscrit clairement et sans complexe dans une ligne de totale fidélité à l'Église et au pape qui la gouverne.
La Nef - 01/06/2022
Aphorismes éblouissants ! .----. La préface de Maître Trémolet de Villers présente Gustave Thibon aux jeunes lecteurs d'aujourd'hui qui pourront découvrir dans ce recueil l'esprit, le style et l'originalité de ce philosophe authentique.
La mémoire exceptionnelle de cet autodidacte lui permet d'acquérir une immense culture. Tertiaire du Carmel, il s'imprègne profondément des valeurs spirituelles chrétiennes. En 1941, sa rencontre avec Simone Weil affermit son encrage philosophique. Il est sollicité de toute part et ses publications se multiplient comme ses conférences : son léger accent de vigneron, son style accessible à tous assurent sa renommée.
Auteur très fécond, inclassable, loin des modes, des influences et des partis, apôtre infatigable de l'unique bon sens qu'il excelle à exprimer en aphorismes éblouissants.
POUR QUI CE LIVRE ? Pour tous dès la Terminale.
[ Plaisir de Lire, littérature et vie chrétienne, trimestriel fondé en 1966 . dirigé par Marie de l'Aubier . Vous pouvez demander un spécimen de la part de Chiré à l'adresse : Plaisir de Lire - 57 route Nationale - 80160 - Flers-sur-Noye - plaisirdelire75@gmail.com ].
Plaisir de Lire. - 28/06/2022
Un souvenir impérissable ! .----. Un peu plus de vingt ans après sa mort, Gustave Thibon laisse un souvenir impérissable à ceux qui l’ont lu ou ont eu la chance de le rencontrer.
Le philosophe vigneron est toujours utile à fréquenter si l’on veut ancrer sa pensée dans la densité du réel et si l’on souhaite lui donner un peu de souffle.
Dans ces articles * publiés entre 1960 et 1980 – dont l’éditeur ne précise hélas ni la date ni la provenance -, ce sont de petites leçons de philosophie qui nous sont proposées, où l’on reconnait la patte des Anciens : l’identification de la vertu au bonheur, l’opposition entre le confort et la liberté ou entre l’efficacité technique et la valeur humaine. Mais aussi la distinction entre la joie et le plaisir puisque celui-ci peut empêcher celle-là qui, en revanche, peut exister sans lui…
Amoureux de la liberté, mais d’une liberté qui ne signifie pas que l’homme s’abstienne de remplir son devoir, sans quoi la démocratie se vide de sa substance, Thibon pourchasse l’égalité de ses foudres, avec quelques billets bien sentis. Ils souffrent certes d’une conception de la société parfois figée dans un monde paysan révolu, mais c’est peu de choses au regard du bonheur procuré par la lecture de ces articles où l’on retrouve l’art de Thibon pour ces aphorismes qui désarment par leur fausse simplicité.
Un exemple ? «La nostalgie de la barbarie est une réaction courante des civilisations décadentes », phrase qui n’en finit pas de travailler la pensée pour peu qu’on la médite.
Homme de tradition, Thibon rappelle dans un des plus beaux textes du recueil que « le vrai traditionaliste n’est pas conservateur » et que « la tradition n’exclut pas la liberté créatrice ». Encore faut-il « choisir entre les traditions », exhorte-t-il, dans une vision beaucoup plus libre que l’on pourrait imaginer.
Thibon ne se laisse pas enfermer dans des étiquettes, et c’est pour cela que ces réflexions ou analyses, arrachées aux circonstances et en prise avec l’actualité, semblent si contemporaines au lecteur d’aujourd’hui.
( Signé : François Huguenin - Le Figaro magazine – 15.07.2022 )
Le Figaro Magazine. - 22/07/2022