Préface de Richard Spiteri. Avant-propos d'Alain Sanders.
" Il appartenait de droit - et j'ai même envie de dire : de devoir - à Pierre Dimech de nous proposer des Bal(l)ades maltaises. Auteur, notamment, de Chants pour Malte (2002) et de L'Homme de Malte (2012), il est issu d'une famille maltaise de longue lignée. Certains de ses aïeux ont quitté l'archipel homérique en 1840 et fait souche en Algérie. Chassé de sa terre natale en 1962, Pierre Dimech est parti retrouver, à Malte, une part de son identité et de ses racines.
On dit que les îles maltaises Malte, Gozo, Comino, Fifla (cette dernière inhabitée) - sont des grains de paradis tombés en mer. Un archipel à l'histoire pour le moins tourmentée tant il fut convoité par de nombreux prédateurs. Sa situation stratégique et son christianisme sourcilleux lui ont conféré - et lui confèrent toujours, malgré le péril de l'Europe une particulière spécificité.
En France, si on connaît peu, voire mal, Malte, on n'oublie pas que la capitale de l'archipel, une capitale-musée, porte le nom prestigieux de La Valette. Un nom bien français. Même si la langue maltaise, aux origines multiples, suscite bien des surprises. Ainsi ne faut-il pas s'étonner, à la messe, d'entendre ce Credo « exotique » : « Alla min Alla (Deum de vero), Alla veru min Alla veru (Deum vero de Deo vero) ».
Voyageur impénitent, Pierre Dimech, piéton de Malte, n'est pas un touriste dans l'île de ses ancêtres. Il procède par petites touches intimistes et nous entraîne loin des sentiers battus des tour-opérateurs. C'est dire que je ne saurais trop conseiller, à qui voudrait découvrir Malte « autrement », d'emporter dans ses bagages ce précieux vade-mecum.
Malte se mérite, elle ne se donne pas. Il faut s'arrêter à ses criques de premier matin du monde, emprunter des chemins tortueux, faire des déjeuners de soleil dans les petits villages, revenir à la fraîche dans les ruelles de La Valette, Rabat, Mdina, Mosta, Sliema. Et puis s'agenouiller dans ses églises nombreuses, humbles ou exubérantes, témoins de la religiosité d'un peuple rescapé de l'islam et uni, contre vents et marées, en une même communauté de destin.
En 58 (ou 60), Paul de Tarse, le futur saint Paul, fit naufrage en vue de Malte, sur les rochers qui portent aujourd'hui son nom. A ses côtés, quatre chrétiens, dont Luc l'évangéliste, prisonniers comme lui et tous en route vers Rome pour y être jugés. Recueilli par le procurateur Publius, Paul va guérir le père de ce dernier et multiplier les miracles. Converti, Publius sera le premier évêque de Malte, puis d'Athènes. Ce qui le conduira au martyre.
L'histoire, les arts, la musique, la gastronomie, rien ne manque à cet ouvrage. C'est comme une confidence à nos âmes chuchotée. On dirait le Sud ? Oui. Parce que c'est le Sud. "
Alain Sanders www.present.fr