N°132 Fév 1988 - L´étendard de Dieu par D Raffard de Brienne

De la discussion jaillit la lumière, affirmait naguère la sagesse des nations. Pourrait-on encore le dire de nos jours où l'on parle à tout propos de dialogue mais où, si souvent, les discussions naissantes se figent dans une incompréhension totale ? Si les bâtisseurs de la tour de Babel durent se disperser pour n'être pas parvenus à se comprendre, la difficulte venait pour eux de la multiplication des langues, alors que le problème se situe pour nous 
à l'opposé, dans l'appauvrissement croissant de notre vocabulaire et de notre syntaxe. On peut imaginer que notre langage ne tardera pas a se réduire aux quelques grognements et onomatopées qui constituent la provende littéraire des lecteurs de bandes dessinées. Et, qui pire est, la langue perd sa précision. Le sens des mots s'évapore dans le flou, se dilue dans la vulgarité, et les formes grammaticales deviennent équivalentes et interchangeables.
Or le langage est à la fois le serviteur et le fils de la pensée qu'il aide à s'élaborer et à s'exprimer. Si le langage se dessèche et se rabougrit, il faut croire que la pensée ne le nourrit plus. De fait, c'est au niveau de la pensée que les discussions s'enlisent et se bloquent : l'incertitude des mots reflète celle des idées.(extrait de l'introduction)