L'oeuvre centrale Chateaubriand a publié un "Essai sur les révolutions" où il laisse transparaître un certain scepticisme religieux. Sa mère lui en fera le reproche, et mourra peu après.
"(...) la pensée m'arriva d'expier mon premier ouvrage par un ouvrage religieux : telle fut l'origine du Génie du Christianisme. Lorsque après la triste nouvelle de la mort de madame de Chateaubriand, je me résolus à changer subitement de voie, le titre de Génie du Christianisme que je trouvai sur-le-champ m'inspira ; je me mis à l'ouvrage; je travaillai avec l'ardeur d'un fils qui bâtit un mausolée à sa mère ".(CHATEAUBRIAND Mémoires d'Outre-tombe)
" Le Génie du christianisme est en fait l'oeuvre centrale de Chateaubriand". (Dictionnaire des oeuvres )
Mémoires d'Outre-tombe - 01/07/2012
Vrai littérature .----. "GENIE DU CHRISTIANISME" : "Avec Chateaubriand, nous revenons à la vraie littérature. Quoi qu'on ait tenté pour diminuer le rayonnement qu'exerça l'auteur du " Génie du Christianisme ", il est incontestable qu'il contribua très efficacement par cet ouvrage, à remettre la religion en honneur dans les intelligences et à lui attirer les cœurs. Etayé, fortifié, complété par des maîtres, qui tous eurent leur influence, de Maistre, Bonald, Lamennais, il préparait un romantisme chrétien, dont la paternité ne peut lui être refusée.
Le " Génie du Christianisme " avait fait plus de place à l'imagination, aux aventures de la passion, qu'à une véritable apologétique. On y trouve surtout l'auteur lui-même, " les grands écrivains, toujours portés à se prendre pour des enfants prodigues de luxe, apprennent plus péniblement que les autres la vertu d'humilité ". ( Présentation de la LITTERATURE A L'EMPORTE-PIECE TOME 5 DE Jacques Vier dans le numéro 9 de la revue des cercles d'études d'Angers, juillet 1970 ).
Revue des cercles d'études d'Angers - 10/12/2012
Sur " Génie du Christianisme " .----. Quelques lectures de mes premières ébauches servirent à m'éclairer. Les lectures sont excellentes comme instruction, lorsqu'on ne prend pas pour argent comptant les flagorneries obligées. Pourvu qu'un auteur soit de bonne foi, il sentira vite, par l'impression instinctive des autres, les endroits faibles de son travail, et surtout si ce travail est trop long ou trop court, s'il garde, ne remplit pas, ou dépasse la juste mesure. Je retrouve une lettre du chevalier de Panat sur les lectures d'un ouvrage, alors si inconnu. La lettre est charmante : l'esprit positif et moqueur du sale chevalier ne paraissait pas susceptible de se frotter ainsi de poésie. Je n'hésite pas à donner cette lettre, document de mon histoire, bien qu'elle soit entachée d'un bout à l'autre de mon éloge, comme si le malin auteur se fût complu à verser son encrier sur son épître : ( suite ... )
Mémoires d'outre-tombe (extrait) - 08/03/2019
Une lettre . .----. " Ce lundi. " Mon dieu ! l'intéressante lecture que j'ai due ce matin à votre extrême complaisance ! Notre religion avait compté parmi ses défenseurs de grands génies, d'illustres Pères de l'Eglise : ces athlètes avaient manié avec vigueur toutes les armes du raisonnement ; l'incrédulité était vaincue ; mais ce n'était pas assez : il fallait montrer encore tous les charmes de cette religion admirable ; il fallait montrer combien elle est appropriée au cœur humain et les magnifiques tableaux qu'elle offre à l'imagination. Ce n'est plus un théologien dans l'école, c'est le grand peintre et l'homme sensible qui s'ouvrent un nouvel horizon. Votre ouvrage manquait et vous étiez appelé à le faire. La nature vous à éminemment doué des belles qualités qu'il exige : vous appartenez à un autre siècle...
Ah ! si les vérités de sentiment sont les premières dans l'ordre de la nature, personne n'aura mieux prouvé que vous celles de notre religion ; vous aurez confondu à la porte du temple les impies, et vous aurez introduit dans le sanctuaire les esprits délicats et les cœurs sensibles. Vous me retracez ces philosophes anciens qui donnaient leurs leçons la tête couronnée de fleurs et les mains remplies de doux parfums. C'est une bien faible image de votre esprit si doux, si pur et si antique.
Je me félicite chaque jour de l'heureuse circonstance qui m'a rapproché de vous ; je ne puis oublier que c'est un bienfait de Fontanes ; je l'en aime davantage, et mon cœur ne séparera jamais deux noms que la même gloire doit unir, si la Providence nous ouvre les portes de notre patrie.
" CHer De Panat " [ Précision : à l'époque le Chevalier et Chateaubriand étaient émigrés en Angleterre . Extrait des " Mémoires d'Outre-Tombe ", édition La Pléiade-Gallimard, tome un, , 1951 ]
Extrait des " Mémoires d'outre-tombe " - 08/03/2019