Sous ce titre, l'auteur a rassemblé les éléments de deux volumes, Le Pain de chaque jour et L'Echelle de Jacob, qui sont aujourcl'hui introuvables. Mais il a encore approfondi son analyse, pour tenir compte des événements qui se sont produits ces dernières années. Ce n'est pas que les ouvrages de Gustave Thibon dépendent des circonstances, mais ce penseur réaliste recherche les faits pour en discerner le sens. Et le sens n'est pas pour lui simple objet de connaissance, c'est la flèche qui indique la direction à suivre.
Pour réaliser une telle oeuvre, il faut être à la fois témoin du temps et de l'éternité, témoin au départ, grâce à l'observation et à l'expérience, témoin de l'arrivée par la foi et, peut-être, par une certaine expérience de la grâce, qui fait déjà vivre l'éternité dans le temps.
Et le lecteur parcourt cet itinéraire avec le témoin, à travers les étapes de la pauvreté, de l'amour, de la douleur, en dépit des obstacles du péché et du mensonge, entre ciel et terre, jusqu'à la délivrance. Tous les aspects opposés et complémentaires de la vie sont ici évoqués, le mirage et l'oasis, la solitude et la communion, l'épreuve et l'amour, etc.
L'auteur entraîne son lecteur dans un dialogue passionné, il le provoque à la réflexion, le renvoie à sa propre expérience, le révèle à lui même, en même temps qu'il lui fait percevoir sa relation avec l'univers et Dieu.
L'oeuvre de Gustave Thibon a valu à son auteur, en 1964, le grand prix de littérature de l'Académie française. Ecrivain indépendant de toute école et de toute coterie, il est à la fois l'enfant et le chantre de la terre et du ciel. On goûte en le lisant la saveur du pain de campagne et celle des plus hautes vérités, cette savoureuse compréhension des choses, que les anciens appelaient la Sagesse.
- Pour unir les hommes cela ne sert à rien, écrit Gustave Thibon, de jeter des ponts, il faut dresser des échelles, celui qui n'est pas monté jusqu'à Dieu n'a jamais rencontré son frère . Ce livre, suite d'aphorismes est un aliment de l'esprit .
Méditation sur la vie. .----. L'ECHELLE DE JACOB, nouvelle version qui reprend aussi les éléments du PAIN DE CHAQUE JOUR, aujourd'hui épuisés. C'est une méditation sur la vie parcourue sur terre, souvent avec les épreuves, entre l'amour et la douleur, à travers les obstacles du mensonge et du péché, avec l'aspiration à la délivrance et au Ciel. Le livre est écrit sous forme de maximes de la plus belle venue : "Tu méprises les règles, les traditions et les dogmes... Tu verses (à ton enfant ou à ton disciple) un vin précieux, tu oublies seulement de les munir d'une coupe ! Certes, la coupe sans le vin n'est qu'un nid de poussières ou d'araignées. Mais le vin sans la coupe? Il ruisselle en vain sur le sol, et, mêlé à la terre, il produit la pire boue. Regarde donc les "mystiques" qui dévorent aujourd'hui le cœur des hommes ! ( éditorial "Hommage à Gustave Thibon" dans le numéro 4, février 1976 ).
Revue des cercles d'études d'Angers - 31/01/2013
Saveur des nourritures simples et fortes ! .----. Ce volume rassemble les éléments de deux ouvrages aujourd'hui épuisés : L'Echelle de Jacob et le Pain de chaque jour. Publiés une première fois il y a 25 ou 30 ans, ces aphorismes sont-ils encore actuels ? C'est la question que peut se poser le lecteur qui ne connait pas Gustave Thibon ; c'est aussi, nous dit l'auteur dans sa préface la question que lui posa un ami "particulièrement sensible aux remous de l'actualité". Dans cette même préface, Thibon répond à cet ami ; mais cette réponse, le lecteur la fera de lui-même en lisant ou en relisant ces textes , en les méditant surtout.
De Gustave Thibon, son ami Gabriel Marcel disait : "J'ose affirmer que tous ceux qui liront ces aphorismes seront éblouis" . A quoi Gustave Thibon répondait : "A supposer que j'en sois capable, éblouir ne me tente pas : je ne crois qu'aux paroles qui sont aussi des aliments."
En lisant l'Echelle de Jacob on peut dire qu'il atteint son but et que ses réflexions ont la saveur des nourritures simples et fortes.
Dès la première page, il va droit à l'essentiel : "Pourquoi je suis chrétien : parce que j'ai soif d'un Dieu qui ne soit ni ténèbre pure ni moi-même ; d'un être qui tout en me ressemblant jusqu'au centre, soit aussi tout ce qui me manque. Parce qu'en ce monde je veux tout bénir et ne rien diviniser..." Et le lecteur émerveillé suit ce maître si expert à "distinguer pour unir".
Les paragraphes sont le plus souvent très courts. Quelquefois un titre en annonce la substance, un titre qui déjà éveille l'attention, la met en appétit : "Enfance et infantilisme" "Vide et encombrement" "Vérité et sincérité" "Remords et conversion" "Brebis galeuse et brebis égarée" "Obéissance et servitude". ( suite ... )
Plaisir de Lire . - 25/11/2019
Appel pressant ! .----. En quelques mots, Gustave Thibon exprime ce que d'autres se sont efforcés de démontrer à grand renfort d'exposés savants : "Pour unir les hommes il ne sert à rien, écrit-il, de jeter des ponts, il faut dresser des échelles. Celui qui n'est pas monté jusqu'à Dieu n'a jamais vraiment rencontré son frère". Voilà qui nous en dit davantage et plus clairement que toutes les considérations de nos savants théologiens sur la "verticalité" et "l'horizontalité" de la foi... Ou bien ce raccourci sur les différentes formes de prière : "Trois phrases du Christ pendant la Passion expriment les trois états d'âme qui correspondent à ces trois phases : La prière encore captive du moi : Transeat a me calix iste. Le désespoir : Eli, Eli, lamma Sabachtani ; l'abandon total : In manus tuas commendo spiritum meum".
Dans un livre fervent qu'il lui a consacré, Christian Chabanis dit excellemment "Si Thibon a parlé de Dieu présent à chaque mot de son oeuvre, c'est quelquefois en le nommant, le plus souvent en parlant des choses et des êtres rendus à Sa lumière... Il y a dans ce témoignage, toute l'âme du témoin et toute la lumière qui la traverse". Et plus loin : "Thibon nous livre à ce qui l'a saisi plus qu'il nous livre ce qui l'a saisi".
Oui ce que Gustave Thibon suscite en nous par ces phrases si simples et si denses c'est ce que nous cherchons à tâtons et que nous nous étonnons de voir surgir soudain avec évidence après l'avoir lu...
Mais il y a plus : Dans la préface de la première édition de ce livre voici ce que Gustave Thibon écrivait : "L'humanité nous offre partout le spectacle d'une dissociation monstrueuse entre les éléments faits pour se joindre et se compléter dans l'unité de la vie. Le monde est non seulement brisé, mais pulvérisé : il est devenu comme un désert où chaque grain de sable solitaire et révolté s'érige en Dieu. En face de ce désastre, la question qui domine toutes les questions est de trouver un lien vivant capable de rassembler les membres épars de l'humanité. Ici nous n'avons qu'une réponse : Ce que Dieu avait uni, ce que l'homme a séparé, Dieu seul peut l'unir à nouveau. Et non pas un Dieu abstrait, mais le Dieu vivant., le Dieu incarné du Christianisme".
Ecrites il y a près de 30 ans, ces phrases n'ont jamais été plus actuelles, et jamais plus opportun l'appel pressant que constitue ce livre. [ " Plaisir de Lire " , numéro 18 , Pâques 1972 ]
Plaisir de Lire . - 25/11/2019
- ISBN : 9782213002545
- Titre : L´échelle de Jacob
- Auteur : THIBON (Gustave)
- Editeur : FAYARD (EDITIONS)
- Collection : LITT.GENE.
- Nb Pages : 192
- Présentation : Broché
- Epaisseur : 17
- Largeur : 135
- Hauteur : 215
- Poids : 0.22Kg
Gustave THIBON (1903 -2001)
Gustave Thibon est mort, le 19 janvier 2001, à St Marcel d'Ardèche où il était né le 2 septembre 1903. Fils d'un agriculteur, il ne fit aucune étude importante et se trouve être l'exemple type de l'autodidacte qui dévora des milliers de livres à partir de l'âge de 20 ans environ et apprit seul plusieurs langues : latin, grec, anglais, allemand, italien, espagnol.
Quelques temps plus tard, il rencontra Jacques Maritain qui accueillit ses articles dans ses Cahiers de philosophie thomiste en 1931. Peu après, il publia (1934) son premier livre La science de caractère qui allait être suivi d'une vingtaine d'autres.
Au moment de la guerre, il manifesta plutôt de la sympathie pour le maréchal Pétain (il fut en 1942, membre de la direction du Centre français de synthèse à Vichy), exalta les chantiers de jeunesse et donna quelques articles à Idées "revue de la révolution nationale". Ni résistant, ni collaborateur, il refusa de recevoir la francisque et n'accepta pas un poste d'ambassadeur qui lui fut proposé. Ce fut pour lui une période féconde pendant laquelle il écrivit plus de la moitié de son oeuvre (de 1940 à 1953). Il se fit connaître également en accueillant chez lui Simone Weil, en 1941, jeune philosophe juive exclue de l'université, avec qui il se lia d'une très forte amitié intellectuelle.
Après la mort de S. Weil (en 1943 à Londres, à l'âge de 34 ans), il publiera son livre La pesanteur et la grâce au moment de la libération. Il reprit son intense activité intellectuelle après la guerre en écrivant une multitude d'articles dans plusieurs publications et en prononçant de très nombre uses conférences (nous le rencontrâmes en particulier à plusieurs reprises aux congrès de Lausanne de la Cité Catholique ainsi qu'aux rassemblements royalistes des Baux de Provence).
Il accepta d'apporter sa collaboration à la revue Itinéraires de Jean Madiran et son soutien à l'Alliance Jeanne d'Arc présidée par le général Weygand.
Catholique sincère, il était un homme inclassable, sage, philosophe et défenseur de son milieu rural, n'étant rattaché à aucun courant ni mouvement politique et religieux, même si ses affinités l'inclinèrent à se situer assez proche de Mgr Lefebvre et du courant royaliste. Actuellement une quinzaine de ses livres ont été réédités et restent disponibles. Celui qui résume le mieux la personnalité et les idées du philosophe est au soir de ma vie : mémoires recueillis par Danièle Masson (Plon 1993, épuisé en 2017).
Il fut couronné à deux reprises par l'Académie française qui lui décerna son Grand Prix de Littérature en 1964 et son Grand Prix de Philosophie en 2000. Notice publiée dans "Ils nous ont quitté" de Lectures Françaises n° 527, mars 2001
------------------
De Charles Maurras (LAction française, 10 juin 1942, page 2) :
"Gustave Thibon est sans conteste le plus brillant, le plus neuf, le plus inattendu, le plus désiré et le plus cordialement salué de nos jeunes soleils !"
En savoir plus