Lettre aux savants qui se prennent pour Dieu

A l'heure où les scientifiques sont sollicités pour porter les résultats de leurs travaux à la connaissance du plus grand nombre, ne sont-ils pas tentés d'extrapoler leurs sciences en une sorte d'explication du monde et de l'homme ?
Depuis le divorce entre la philosophie et la science au XIXe siècle, celle-ci s'est arrogé le droit de considérer la métaphysique comme un sous-ensemble des sciences religieuses, alors que dès que l'on disserte sur des résultats scientifiques, on fait, qu'on le veuille ou non, de la métaphysique. Si les scientifiques n'assument pas une rigueur qui replace leurs résultats dans une recherche permanente d'une vérité qui leur échappe, ne sommes-nous pas, de fait, devant une nouvelle forme de religiosité ?
Les exemples abondent où des affirmations péremptoires cachent des positions personnelles, sans doute respectables, mais qui ne peuvent en aucun cas devenir des dogmes, matérialistes ou autres. La science doit permettre de découvrir la richesse du monde qui nous entoure, de le respecter et de le faire admirer au plus grand nombre. 
Jacques Vauthier, mathématicien, enseigne à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI). Il montre, par des exemples pris dans des ouvrages de vulgarisation, combien l'implicite des positions philosophiques des scientifiques est omniprésent et sous-tend une métaphysique qu'eux-mêmes sont les premiers à dénoncer. Il est temps, dit-il, de revenir à une vraie philosophie qui prendra en compte les avancées de la science comme modèle du réel pour les assumer en toute clarté.